Les farines animales à nouveau autorisées pour nourrir les poissons:
Par Yann-François LE GOFF
chargé de qualité
VEOLIA transdev
Posté le: 28/02/2013 0:10
Les farines animales à nouveau autorisées pour nourrir les poissons:
Interdite depuis 2001, l'utilisation des farines animales vient d'être à nouveau autorisé par la commission Européenne le jeudi 14 février 2013. En effet dès le 1er juin , les poissons d'élevages pourront être nourris par ce procédé qui avait conduit dans les années 90 à une crise sanitaire sans précédent.
L'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) avait été provoquée par l'utilisation de ces farines animales, majoritairement composées de carcasses de vaches, dans l'alimentation des bovins. Il s'agit d'une maladie mortelle, proche de la tremblante des ovins, causée par un prion présent dans des carcasses, entrainant ainsi un grand risque de contamination pour l'animal qui consomme ces farines.
Entre 1986 et le début des années 2000, plus de 190 000 animaux furent inféctés. L'épidémie a pris une tournure particulière quand les scientifiques se sont aperçus en 1996 de la possible transmission de la maladie à l'homme par le biais de la consommation de viande de bovins nourris par ce procédé. La maladie a fait à ce jour près de 200 victimes humaines, présentant des symptômes proches de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, à savoir : mouvements involontaires, troubles visuel et cognitifs, ainsi que des troubles psychiatriques allant jusqu'à la démence.
Relayée auprès du grand public par les médias, cette crise sanitaire éclate en 1996 sous le nom de "la crise de la vache folle".
Près d'une décénie après cette catastrophe, Bruxelles réautorise l'usage des farines animales. Il s'agit de farines de type PAT (Protéines Animales Transformées). Elles sont élaborées à partir de sous-produits non destinés à la consommation humaine collectés dans les abatoires (parties osseuses, vicères ou encore le gras), et non pas des farines animales telles quelles existaient dans les années 90, à savoir des produits composé en grande partie d'animaux morts avant l'abattage ou issues de saisies sanitaires...
A partir de juin 2013, les poissons d'élevage pourront être nourries avec des farines composées à partir de pors et de volaille, en lieu et place des farines de poissons traditionnellement employées en aquaculture dans la nutrition des espèces carnivores d'élevage comme le bar ou le saumon, et désormais considérées par le Parlement européen comme une denrée rare qui doit être économisée (s'agit il là d'un pretexte écologique?)
Plus loin encore, l'Union Européenne a pour projet en 2014 d'autoriser ces PAT pour nourrir les poulets et les cochons. Bruxelles assure en effet que les problèmes sanitaires seront évités puisque le cannibalisme restera proscrit : ainsi les porcs pourront être nourris avec de la farine de volailles, les volailles avec de la farine de porc.
De plus l'utilisation de ces produits restera rigoureusement interdite pour les ruminants tels que les bovins, recommandation partagée par le Conseil Nationnal de l'Alimentation (CNA), dans un avis rendu le 1er décembre 2011.
Une autorisation qui tombe "au mauvais moment", en plein scandale sanitaire de la viande chevaline, d'où une incompréhension du grand public.
Le président de la République Française, François Hollande ayant déclaré devant la presse lors du salon de l'agriculture le 23 février dernier qu'il était opposé à ce projet et n'autorisera pas sur le territoire français l'utilisation de ces PAT. Une continuité de la part de l'Etat Français qui avait déjà voté contre ce projet suite à diverses évaluations effectuées par le ministère de l'agriculture au cours de l'année2011. Evaluations qui avaient conduit à des conclusions contredisant celles rendues en janvier 2011 par l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (AESA) qui avait en effet estimé que les risques sanitaires étaient "négligeables".
De son côté, la ministre de l'écologie Delphine Batho propose de créer un label "sans farine animale" qui serait présent sur les étalages. Une idée qui pourait apparaître comme un moindre mal, néanmoins susceptible de fortement déplaire aux pisciculteurs qui aurait choisi de nourrir leurs poissons avec ces PAT...