
Les enjeux de la sécurité au travail
Par Louis RUYANT
Stagiaire securite/environnement
Allevard Rejna Autosuspension (Groupe Sogefi)
Posté le: 13/09/2012 15:31
Une entreprise, pour exister, doit être viable économiquement, mais aussi humainement.
La sécurité en entreprise n’apporte aucun profit économique pour cette dernière. Elle est considérée comme un devoir pesant sur le chef d’établissement, ce qui fait d’elle un service d’entreprise un peu particulier.
C’est en effet un devoir, tout d'abord du point de vue de la réglementation au travail. L'obligation, légale, de sécurité de résultat qui pèse sur le chef d'établissement le rend responsable en cas d'accident de travail ou de maladie professionnelle et l'oblige par conséquent à réparer le préjudice. La responsabilité civile implique le versement d'indemnités, parfois élevées. Si c'est tout d'abord la Caisse d'Assurance Maladie qui a charge du versement au salarié, celle-ci se retourne ensuite contre l'employeur par une action récursoire.
La responsabilité pénale, celle du chef d'établissement ou l'entreprise en tant que personne morale, entraîne le prononcé d'une amende, voire d'une peine d’emprisonnement.
Il y a également une perception économique de la sécurité. Mettre en œuvre des mesures de prévention et de protection sur un site a un coût pour l'entreprise. Mais la survenance d'un accident de travail peut en avoir davantage, et les montants ne sont pas des moindres.
L'indemnisation des salariés accidentés ou malades représente le premier coût : les frais médicaux, les indemnités journalières, les rentes au titre de l'IPP (Incapacité permanente partielle, si des séquelles de l'accident persistent), les dommages et intérêts supplémentaires en cas de faute inexcusable... L'ensemble de ces indemnités sont des déboursements directs pour l'entreprise. A cela s'accumule une masse importante de coûts indirects, à savoir : des pertes ou des arrêts de production, la détérioration (voire la destruction) de machines, de locaux, de pièces, d'outils, ce qui engendre des frais de réparation, une perte de productivité due au manque de personnel ou à l'arrêt de machines, les éventuels remplacements du personnel, le reclassement de la victime accidentée, la formation, une perte de temps (enquêtes, rapports, formalités administratives, tribunaux...), l'assurance, les honoraires, des pertes de marchés ou de clientèle, etc.
Un accident du travail ou une maladie professionnelle est susceptible de coûter cher pour l'entreprise. La victime ne serait donc pas seulement le travailleur...
On préférera donc financer des dispositifs de sécurité plutôt que financer la réparation d'accidents. D'autant plus que si prévenir les risques permet de maîtriser les coûts des accidents du travail et des maladies professionnelles, il évite aussi un passage devant le juge au titre de la responsabilité civile et pénale.
Mais le côté humain n'est pas non plus à exclure : souffrance physique, rééducation, handicap, arrêt du travail, relations de travail difficile, conséquences familiales, réorganisation du travail et de la production dans l'entreprise (remplacement de le victime, adaptation du poste de travail...), etc.
Perdre régulièrement des travailleurs pour avoir négligé la sécurité peut être fatal pour une entreprise. A l’inverse, un travail sans risques, synonyme de bonnes conditions de travail, peut améliorer la productivité.
Au-delà de l'aspect économique et juridique et au titre des conséquences humaines que représentent les accidents du travail, la sécurité au travail c’est également un droit, un droit pour les salariés. Faire passer la sécurité à la trappe, c’est porter atteinte à l’ensemble de ces droits. Il y a donc ici un enjeu social. Tout travailleur a le droit d’exercer son activité dans de bonnes conditions, autrement dit de ne pas voir sa vie sans cesse mise en péril par son activité professionnelle.
Le respect de la sécurité permet ainsi de promouvoir un climat social positif.
La sécurité, si elle n’apporte directement aucun profit pour l’entreprise, est malgré tout un facteur de pérennité et de viabilité, notamment en permettant une certaine qualité de travail. Mais ce point de vue n'est pas partagé par tous. La perception de la sécurité est souvent autre...
Le problème, c’est qu’elle n’est perçue que comme une obligation légale et économique. Ce constat a été fait dans l'industrie, mais cela vaut probablement pour toute entreprise. L’entreprise agit pour la sécurité afin d’être conforme à la réglementation du travail. Elle peut pourtant apporter bien plus à l’entreprise.
La barre doit être mise plus haute afin de considérer la sécurité comme une valeur d’entreprise, puis l’atteindre dans sa finalité. Quelle est cette finalité ? La santé physique et mentale de tous.
C'est une perception de la sécurité que l'AFPI (Associations de formation professionnelle de l'industrie, branche de l'UIMM, Union des industries et des métiers de la métallurgie) conseille aux entreprises d'avoir, tout au moins les industries et les professions de la métallurgie, puisque c'est là son champ d'action.
Garantir le bien-être des salariés et créer un cadre favorable au développement de la performance de l’entreprise, voilà le véritable enjeu de la sécurité au travail.