Avec le développement de l’éolien maritime grâce aux récents appels d’offre, une précision aurait pu être espérée de la part du législateur ou du moins de l’Etat, ce dernier étant l'initiateur des différents projets. Il n’en fut rien. Aucune précision juridique n'a été apportée et comme le démontre les réponses de la Commission de Régulation de l’Energie aux candidats, l’exploitant candidat reste d’autant plus seul que l’Etat refusait clairement de soutenir sa démarche. En effet, les candidats devaient faire état de la meilleure offre qui, ensuite, fut reconnue par les ministres compétents. Mais cette désignation n’avait pour finalité d’attribuer qu’un simple droit d’exploitation et non pas d’accéder à un contrat avec l’administration. De plus, le reste des démarches administratives doivent être entreprises par l’exploitant lauréat de l’appel d’offre. Mais l'Etat a précisé qu’en cas d’échec de leur démarche, le lauréat se verrait sanctionné par le gouvernement.

Enfin, sans garantie de la part de l’Etat, l’exploitant candidat était pourtant tenu d'en fournir. Ce qui nous amène au rôle des assureurs qui doivent garantir un objet qui n'a pas été délimité juridiquement. Or, la définition d'un régime juridique des parcs éoliens offshore aura une incidence, d'une part sur le régime de responsabilité de l'exploitant, d'autre part sur les secteurs du marché de l'assurance qui seront principalement sollicités pour ce risque.
Les activités maritimes, selon les zones dans lesquelles elles s'exercent, relèvent de réglementations particulières et notamment de conventions internationales qui peuvent prévoir des conditions de responsabilité ainsi que des exigences minimums d'assurance spécifiques.
Elles font en conséquence l'objet d'un marché de l'assurance maritime particulier avec des acteurs spécialisés (notamment les mutuelles d'assurances Protection & Indemnification très actives) apportant des capacités considérables ainsi qu'une connaissance des risques spécifiques et des réglementations irremplaçable. Jusqu'à présent l'implication de ces assureurs et réassureurs a été déterminante pour la réalisation des parcs éoliens offshore en Europe.
Ainsi, une assimilation des parcs éoliens offshore à des activités terrestres pourrait avoir comme conséquence d'éloigner les assureurs maritimes spécialisés, sans qu'en contrepartie les assureurs terrestres ne soient en mesure d'apporter les mêmes capacités et le même savoir-faire issus de 3 siècles d'assurance maritime. Or il semble que les principaux risques identifiés dans les activités éoliennes offshores (comme les risques de collision) sont majoritairement des risques inhérents à l'univers maritime pour lesquels le marché de l'assurance maritime a développé de longue date des solutions de couverture éprouvées.

Sans se priver des capacités et de l'appétit au risque des assureurs terrestres il semble souhaitable, selon les assureurs maritimes, de reconnaître un rattachement fort des activités éoliennes offshore aux activités maritimes dont les risques sont communs ou très proches, leur permettant ainsi de bénéficier de l'expertise et des capacités de l'assurance maritime.