L’ILLUSION DE DURABILITE DU SECTEUR PETROLIER : POLLUTION AU GABON
Par Valere Dorian NAYI MPIGA
Etudiant en Master 2 professionnel : Droit des Affaires : Droit ESQ dans les Entreprises
UNIVERSITE PARIS SACLAY - UVSQ
Posté le: 17/10/2025 14:55
Au cours des dernières semaines de septembre 2025, le Gabon a signalé une pollution aux hydrocarbures touchant une étendue côtière évaluée entre 70 et 100 km sur la côte sud, s'étendant de Mayumba à Mayonami.
Des observations aériennes, des photographies satellite (fournies par l'Agence d'Études et d'Observations Spatiales AGEOS) et des recherches conduites par l'Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) ont attesté de l'existence d'une nappe dérivante depuis au moins le 12 septembre, près de la frontière maritime avec la République du Congo.
Des mesures d'urgence ont déjà été mises en place par les autorités gabonaises : limitation des activités de pêche, baignade, collecte de ressources forestières, investigations pour déterminer la provenance et les responsabilités, mobilisation du Conseil National de la Mer pour l'assainissement.
Bien que l'aspect « granuleux » et la répartition de la pollution aient pu atténuer l'effet écologique direct sur certaines zones d’échouage, les menaces persistent pour la biodiversité, les écosystèmes côtiers, le bien-être des communautés locales, la pureté de l'eau et les domaines économiques associés.
L’événement de Mayumba n’est pas simplement un accident environnemental : c’est une perturbation majeure qui pose la question de la durabilité même du modèle pétrolier, sous plusieurs aspects. Le secteur pétrolier repose sur l’exploitation de ressources fossiles comme le pétrole brut, issues de processus géologiques extrêmement longs et non renouvelables à l’échelle humaine.
Cette dépendance à une énergie en sursis rend le modèle économique du secteur intrinsèquement non durable. En plus de leur rareté croissante, les combustibles fossiles sont responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre, contribuant au réchauffement climatique, à la pollution de l’air et à la dégradation des écosystèmes.
L'incident de pollution par les hydrocarbures à Mayumba met en évidence que l'industrie pétrolière, bien qu'essentielle pour l'économie gabonaise, se trouve à un point de basculement. Cela souligne les dangers tangibles écologiques, économiques et sociaux associés à une exploitation non régulée, sans plan de contingence et sans perspective à long terme.
En dépit des avertissements scientifiques et des engagements à l'échelle mondiale, la mutation vers des énergies plus écologiques est entravée par des infrastructures anciennes, des enjeux économiques et une importante inertie technologique. Cette contradiction est bien illustrée par l'industrie pétrolière : elle persiste à créer des bénéfices tout en exacerbant les crises écologiques.
Face à l’urgence écologique, la durabilité exige une réorientation vers des énergies renouvelables, une réduction de la consommation et une transformation profonde des modèles industriels. Le pétrole, bien qu’encore dominant, ne peut répondre aux impératifs de long terme sans compromettre la stabilité climatique et la santé des générations futures.
Mayumba pourrait devenir un cas d’école : un signal d’alarme qui pousse à la réforme, à l’investissement dans la durabilité, et à l’émergence d’un modèle pétrolier plus responsable, plus transparent et respectueux de l’environnement. Si le Gabon parvient à tirer les leçons, mettre en place les garde‑fous, ce secteur pourrait encore contribuer longtemps au développement du pays, mais d’une façon beaucoup plus soutenable.
Le plus important à retenir de cet évènement est l'attitude irresponsables, peut-on dire criminelle de l'opérateur qui jusqu'à ce jour est recherché par les autorités. comment expliquer qu'une pollution d'une telle envergure n'ait pas été remarquée et signalée? Quelles sont les entreprises qui ont des permis dans la zone de pollution ? De quand date cette pollution ? Autant de questions qui surgissent pour tenter de justifier une telle situation.