À Bruxelles, les négociations sur la trajectoire climatique de l’Union européenne se sont enlisées. Début septembre 2025, la France et l’Allemagne ont refusé d’entériner la proposition de la Commission visant une réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040. Les deux poids lourds européens ont exigé de reporter la décision au sommet des chefs d’État et de gouvernement prévu en octobre, bloquant l’adoption ministérielle qui pouvait se faire à la majorité qualifiée.

Paris justifie sa position par la nécessité de coordonner la cible 2040 avec l’objectif intermédiaire de 2035, seule échéance obligatoire à notifier lors de la COP 30 en novembre. Le Haut Conseil pour le climat rappelle par ailleurs l’importance du nucléaire dans le mix énergétique français, considéré comme un pilier stratégique pour la compétitivité post-carbone.

À Berlin, la coalition gouvernementale, bien qu’engagée sur la neutralité climatique, redoute une précipitation qui laisserait l’industrie lourde sans mécanismes de soutien adaptés. L’Allemagne plaide pour un examen approfondi des flexibilités possibles, notamment l’achat limité de crédits carbone internationaux, afin d’éviter une fracture économique et sociale.

Cette temporisation est perçue comme un recul par plusieurs États membres, notamment le Danemark, et par les ONG environnementales. La présidence tournante danoise a exprimé sa détermination à obtenir un accord avant la fin de l’année, mais souligne la difficulté d’afficher un leadership crédible à Belem si l’Europe se présente sans trajectoire claire pour 2040.

Dans les couloirs de la Commission, la déception est palpable : la date de septembre devait consacrer l’ambition du Pacte vert et renforcer l’effet normatif de l’UE. À la place, l’incertitude domine, et la perspective d’un simple « statement of intent » à la COP 30 se profile, affaiblissant le message européen.

Ce blocage illustre une tension récurrente : concilier ambition internationale et réalités industrielles. La décision d’octobre apparaîtra comme un test décisif de la capacité de l’Union à maintenir son unité et à préserver son rôle de locomotive climatique mondiale.

Référence : Der Spiegel, German environment minister warns against delaying EU’s 2040 climate target decision, 7 septembre 2025 – Lien officiel