L’UE en passe de manquer son engagement climatique à l’ONU : divisions internes et crise de crédibilité
Par Roza Diachkovskaia
Posté le: 21/09/2025 23:11
À Bruxelles, le temps presse et les fissures s’élargissent. Selon une enquête publiée le 18 septembre 2025, l’Union européenne pourrait manquer l’échéance fixée par la Convention-cadre des Nations unies sur le climat : remettre avant fin 2025 un rapport consolidé sur ses émissions et ses trajectoires de réduction.
Au cœur du blocage : les divisions persistantes entre États membres. D’un côté, certaines capitales industrielles redoutent les coûts jugés insoutenables d’une réduction rapide des émissions. De l’autre, des États plus volontaristes plaident pour une ligne ambitieuse, gage de leadership climatique et d’attractivité pour les investissements verts. Cette fracture se traduit par l’impossibilité de valider les inventaires nationaux et d’agréger un rapport unique conforme aux standards onusiens.
La Commission européenne, consciente du risque diplomatique, multiplie les réunions de crise et propose des mécanismes de compromis : recours limité aux crédits carbone internationaux, séquestration renforcée de CO₂, quotas flexibles entre secteurs. Mais ces solutions, perçues comme trop complexes ou comme des échappatoires, peinent à rallier un consensus.
Pour les observateurs internationaux, un défaut de l’UE à honorer son engagement serait lourd de conséquences. L’Europe, qui se présente depuis le Pacte vert comme chef de file de la diplomatie climatique, verrait son autorité normative sévèrement entamée. Les partenaires d’Afrique ou d’Amérique latine pourraient se tourner vers d’autres blocs plus souples, affaiblissant l’effet d’entraînement européen.
Les répercussions internes seraient également considérables. Les entreprises déjà engagées dans des plans de transition alignés sur 2030 se retrouveraient face à une nouvelle incertitude réglementaire. Les investisseurs, sensibles à la cohérence des signaux politiques, pourraient réviser leurs engagements dans les infrastructures bas carbone.
À l’approche de la COP 30, la question dépasse le simple calendrier administratif : il s’agit d’un test de gouvernance. L’Union peut-elle surmonter ses divergences internes pour préserver son rôle de puissance normative ? Ou cédera-t-elle à la fragmentation, au risque de saper sa crédibilité internationale ?
La réponse, attendue avant décembre, déterminera non seulement la voix de l’Europe dans les négociations climatiques, mais aussi la solidité de son modèle de gouvernance environnementale.
Référence : Reuters, EU set to miss UN climate deadline amid internal divisions, 18 septembre 2025 – Lien officiel