Les scientifiques ont analysé plus de 225 000 os et dents provenant de sites archéologiques méditerranéens. Ces données couvrent 8 000 ans d’histoire et montrent que les trajectoires évolutives des animaux sauvages et domestiques ont commencé à diverger il y a environ 1 000 ans. C’est durant cette période que l’urbanisation, le commerce et l’agriculture se sont intensifiés, impactant les écosystèmes et les animaux eux-mêmes.

L’essor des espèces domestiques est lié à la reproduction sélective : les humains ont délibérément sélectionné les individus produisant davantage de lait, de viande et de laine, ou capables d’effectuer des travaux pénibles. Les animaux sauvages, en revanche, ont subi la pression inverse : la chasse, la déforestation et la perte d’habitat ont entraîné une réduction de leur taille.

Les chercheurs soulignent que le changement climatique accélère ces processus, mais que le principal facteur est l’activité humaine. Aujourd’hui, le déséquilibre est particulièrement marqué : la biomasse des mammifères sauvages est estimée à seulement environ 4 % de la masse totale des mammifères sur Terre, contre 34 % pour les humains et 62 % pour le bétail.

Les scientifiques constatent que la taille des animaux a un impact direct sur la résilience des écosystèmes et des chaînes alimentaires. Le déclin constant des espèces sauvages est un signal inquiétant pour la biodiversité. Parallèlement, la croissance des animaux domestiques reflète notre exigence de productivité, mais nécessite d'énormes ressources : terres, nourriture et eau.

Les auteurs de l'étude estiment que les résultats offrent un important « miroir historique » et aident à prédire les changements futurs. Ils nous rappellent que préserver les animaux sauvages et repenser notre élevage est plus important que jamais.

L'étude a été publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.