Introduction
Avec ses 350 km de côtes et une Zone Économique Exclusive (ZEE) de 126 000 km², la Guyane possède un potentiel maritime exceptionnel. Ses eaux regorgent de ressources halieutiques variées, faisant de la pêche le troisième secteur de production et d’exportation après l’aérospatial et le minier. Ce secteur joue un rôle essentiel dans l’autonomie alimentaire du territoire et la création d’emplois. Pourtant, la filière est en crise : manque de main-d’œuvre qualifiée, vieillissement des marins, flottille sous-exploitée, et absence de formation locale.
Face à ces défis, une avancée majeure a vu le jour en septembre 2024 : la création du premier Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP) Maritime au Lycée agricole de Matiti. Cette formation inédite vise à structurer et dynamiser la filière en formant une nouvelle génération de marins guyanais, compétents et qualifiés. Comment cette initiative peut-elle répondre aux difficultés du secteur et relancer durablement l’économie halieutique en Guyane ?
Il convient d’explorer, d’une part, les richesses et les difficultés du secteur de la pêche et, d’autre part, le rôle clé du CAP Maritime dans la professionnalisation et la modernisation de la filière.
I. Un secteur halieutique stratégique mais en crise
1. Une richesse maritime sous-exploitée
• 350 km de côtes et une Zone Économique Exclusive (ZEE) de 126 000 km².
• Des ressources halieutiques abondantes (crevettes, vivaneaux, poissons blancs).
• Un secteur clé pour l’économie locale et l’autonomie alimentaire.
• Enjeu de souveraineté nationale : contrôle des licences et activités de pêche.
2. Un secteur en difficulté faute de structuration et de formation
• 137 navires armés, mais seulement 5 actifs dans la pêche crevettière.
• Une majorité de marins étrangers (Brésiliens, Guyaniens, Surinamais, Haïtiens).
• 86 % des marins ont un niveau scolaire primaire, moins de 2 % sont qualifiés.
• Manque de formation locale : les marins doivent partir en métropole ou aux Antilles.
II. La création du CAP Maritime : un tournant pour la formation et la professionnalisation
1. Un besoin urgent de formation locale pour relancer la filière
• Faible taux de jeunes marins : seulement 10 % ont moins de 30 ans.
• L’État a organisé des sessions de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) (195 brevets attribués en 2018).
• Nécessité de former des matelots et mécaniciens qualifiés pour moderniser la pêche.
2. Le CAP Maritime de Matiti : une réponse concrète aux défis du secteur
• Lancement en septembre 2024, avec le soutien de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG).
• Première formation initiale maritime en Guyane, après des années d’absence d’offre locale.
• Objectif : former la jeunesse guyanaise aux métiers de la mer et réduire la dépendance aux marins étrangers.
• Un levier pour structurer la filière, sécuriser les emplois et relancer la pêche crevettière.

La Guyane possède un potentiel maritime considérable, mais le manque de formation et de main-d’œuvre qualifiée freine le développement du secteur. Le lancement du CAP Maritime en 2024 marque une avancée majeure, ouvrant la voie à une pêche plus structurée, durable et portée par des marins guyanais.

Jimmy HUSSON

Conseiller Chambre d'Agriculture de Guyane