
Scoring environnemental : L'Anses propose deux approches d'évaluation des produits ménagers
Par Juliette Collard
Posté le: 12/02/2025 15:40
Comment mieux informer les consommateurs sur les risques sanitaires et environnementaux des produits ménagers ? Existe-t-il un moyen d’évaluer globalement la criticité de ces dangers en fonction de l’usage des produits ? Comment améliorer la lisibilité de leur étiquetage, comme le prévoit le quatrième Plan national santé-environnement (PNSE4) ?
Ces questions restent ouvertes, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). En raison du manque de données quantitatives, l’Agence préconise une approche basée sur la simple présence de certaines substances ou sur la nature des produits. Le 5 février, elle a publié un avis et un rapport d’expertise collective datant de novembre 2024, en réponse à une saisine de décembre 2021.
Les produits ménagers du quotidien peuvent contenir des substances potentiellement toxiques pour la santé et l’environnement. Pourtant, les obligations d’étiquetage varient selon les types de produits et leurs usages, rendant l’information souvent complexe et peu lisible pour les consommateurs. Dans ce contexte, le PNSE4 prévoit, dans son action 3, de renforcer la lisibilité de l’étiquetage des produits ménagers. L’objectif est de permettre aux consommateurs de prendre des décisions plus éclairées grâce à une interprétation simplifiée et synthétique des informations sur la composition et les dangers de ces produits.
Une initiative de l’Anses pour mieux catégoriser les dangers
C’est dans cet esprit que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a été saisie le 16 décembre 2021 par plusieurs organismes publics (DGPR, DGCCRF, DGS, DGT). Leur demande portait sur l’élaboration d’une méthode d’évaluation globale des dangers sanitaires et environnementaux des produits ménagers, afin d’améliorer la lisibilité de leur étiquetage. L’étude a ciblé six catégories de produits :
- Les lessives et produits d’entretien du linge,
- Les nettoyants pour surfaces,
- Les produits pour sanitaires,
- Les liquides vaisselle,
- Les insecticides, répulsifs et rodenticides,
- Les désodorisants d’atmosphère.
Deux méthodes d’évaluation proposées
L’Agence conclut qu’un score basé sur des données quantitatives n’est pas envisageable, car les niveaux d’exposition des consommateurs selon l’usage des produits ne sont pas suffisamment documentés. L’Anses a identifié deux approches qualitatives pour catégoriser ces produits en fonction de leur impact sanitaire et environnemental :
1. L’approche par substance : elle évalue chaque produit en fonction des dangers liés aux substances qui le composent. Des critères additionnels permettent d’ajuster l’évaluation selon la forme du produit (liquide, poudre, etc.) et la présence d’additifs spécifiques.
2. L’approche par produit : cette méthode repose sur la classification réglementaire CLP (Classification, Étiquetage et Emballage), lorsqu’elle existe, et sur la présence de substances préoccupantes (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques, allergènes respiratoires, perturbateurs endocriniens, polluants organiques persistants).
Dans les deux cas, chaque produit se voit attribuer un score sanitaire et un score environnemental, notés de A à E, afin d’éviter qu’un bon score dans un domaine ne masque un risque élevé dans l’autre.
Des résultats similaires entre les deux approches
L’Anses a testé ces méthodes sur 72 produits. Les résultats montrent une forte similitude entre les deux approches. Pour le volet sanitaire, la première méthode classe 3 produits en A et 57 en E, tandis que la seconde en classe 1 en A et 60 en E. Pour le volet environnemental, la première approche classe 22 produits en A et 14 en E, contre 9 A et 10 E pour la seconde.
Malgré quelques différences, les scores finaux restent cohérents à plus de 90 % entre les deux méthodes.
Vers une meilleure information et des produits plus sûrs
L’Anses souligne que l’objectif principal de ces évaluations est double, tout d’abord de permettre aux consommateurs de mieux comprendre les risques liés aux produits ménagers et de faire des choix plus éclairés lors de l’achat. Puis, d’encourager les fabricants à améliorer la composition de leurs produits en éliminant les substances les plus préoccupantes et en réduisant la complexité des formulations.
Toutefois, l’Agence précise que ces méthodes nécessitent encore une phase d’expérimentation à grande échelle pour en améliorer la robustesse et l’applicabilité. Enfin, ces outils d’évaluation ne se substituent pas aux précautions d’usage recommandées par les fabricants.