Les événements climatiques extrêmes sont de plus en plus fréquents en France. Ils ont aussi des conséquences différentes en fonction des territoires. Le 19 septembre 2024, le réseau Action Climat a publié en partenariat avec l’ADEME un rapport détaillant l’impact du dérèglement à venir sur l’ensemble des régions françaises.

Les impacts du réchauffement climatique ne s’expriment pas de la même façon selon les régions. Ce document de 50 pages publié par le collectif d’ONG Réseau action climat en partenariat avec l'ADEME, recense les menaces région par région (outre-mer compris) sur le patrimoine naturel.

Des impacts concrets sur l'environnement

La montagne est particulièrement concernée : 70 % des glaciers des Alpes pourraient avoir disparu d'ici la fin du siècle. En Occitanie, PACA ou en Nouvelle-Aquitaine, les sécheresses pourraient s’enchaîner. Une commune sur six est menacée par les inondations dans les Hauts-de-France d’ici la fin du siècle. Nos forêts seront impactées par le manque de pluie, les incendies et les maladies. Sur le littoral, la montée du niveau de la mer accentuera l’érosion de nos côtes.

Mais l’une des originalités du rapport, c’est de pointer aussi des impacts très concrets. « On a essayé pour la première fois de vraiment raccorder ça au quotidien des Françaises et des Français. Quand les glaciers fondent, quand les fleuves sont à sec, ce n’est pas juste la nature qui est touchée, c'est aussi des secteurs entiers de notre économie, la balade du dimanche en famille ou notre vin préféré », explique Clara Sannicolo, responsable climat et territoires au sein du Réseau action climat.

Monuments et patrimoine culturel en péril
Les menaces concernent notamment le patrimoine touristique, comme le célèbre canal du Midi en Occitanie. « Avec la multiplication des sécheresses, le canal est de plus en plus souvent fermé. On peut de moins en moins naviguer. C’est aussi un des symboles de l’utilisation future de l’eau. Plus de 60 % de son débit est utilisé pour l'irrigation agricole », précise Clara Sannicolo. La situation est la même pour les châteaux de la Loire. Selon ce rapport du Réseau action climat, les fondations du château de Chenonceau enjambant le Cher seront fragilisées par la baisse du niveau de la rivière due à la sécheresse. Le Mont Saint-Michel serait, lui, menacé par des vagues de submersion liées à l’élévation du niveau des mers.

« Je pense que cela peut permettre une prise de conscience plus enracinée du changement climatique. On se dit souvent que ce sont les autres qui vont être touchés. Cela permet en quelque sorte de montrer à quel point des choses auxquelles nous sommes très attachés et que nous connaissons bien vont aussi être affectées dans l’avenir », constate François Gemenne, chercheur et spécialiste en géopolitique de l'environnement.

Le patrimoine gastronomique impacté

Qu’adviendra-t-il des huîtres de Bretagne avec la hausse des températures de la mer ou de nos vins avec un climat plus chaud ? 73 % des communes de Bourgogne-Franche-Comté sont exposées à plusieurs risques climatiques. « C’est une région très sensible. Les vendanges commencent désormais avec trois semaines d’avance par rapport aux années 60-70 », rappelle Clara Sannicolo. Ce futur n’est pas complètement écrit, à condition de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et de nous préparer à l'adaptation nécessaire.

Sanctuariser un budget pour la transition et l'adaptation

Les auteurs du rapport en font d’ailleurs part au Premier ministre Michel Barnier pour le futur budget. « Les collectivités sont les premières touchées et doivent répondre aux impacts du changement climatique. Il est nécessaire qu’elles soient correctement financées et que les freins à leur investissement pour la transition écologique soient levés. » Le collectif évoque notamment le Fonds vert, « passé de 2,5 milliards dans le projet de loi de finances 2024 à 2 milliards au mois de février. Il est annoncé à seulement 1 milliard pour l’année 2025. »