La crise énergétique mondiale, exacerbée par les tensions géopolitiques récentes, a profondément secoué les marchés et les politiques énergétiques à l’échelle internationale. Les prix volatils des hydrocarbures, couplés aux préoccupations croissantes concernant la sécurité énergétique, ont poussé de nombreux pays à reconsidérer leur mix énergétique. Dans ce contexte tumultueux, une source d’énergie longtemps controversée refait surface comme solution potentielle : le nucléaire. Alors que les nations cherchent désespérément à concilier leurs besoins énergétiques avec leurs engagements climatiques, l’atome se présente comme un allié inattendu dans leur quête de neutralité carbone.

Un regain d’intérêt international

Récemment, Paris a accueilli une conférence cruciale réunissant une quinzaine de pays pronucléaires sous l’égide de l’OCDE. Cette rencontre, baptisée « Feuille de route du nouveau nucléaire », a marqué un tournant dans la perception mondiale de l’énergie atomique. Des nations aussi diverses que les États-Unis, le Japon, la France, la Suède et la Pologne ont manifesté leur volonté commune de relancer vigoureusement le secteur nucléaire.

William Magwood, directeur de l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE, a donné le ton en déclarant : « Le temps est venu de passer à l’action. » Cette déclaration résonne comme un appel à mobiliser les ressources et la volonté politique nécessaires pour surmonter les défis inhérents à une telle renaissance nucléaire. Les discussions ont principalement porté sur trois axes stratégiques : la consolidation des chaînes d’approvisionnement, la formation d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et la mise en place de mécanismes de financement innovants.

Les défis d’une ambition titanesque

L’objectif fixé par l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) est pour le moins ambitieux : tripler les capacités nucléaires mondiales d’ici 2050. Cette expansion colossale est jugée nécessaire pour atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés par la communauté internationale. Cependant, la route vers cet avenir nucléaire est semée d’embûches.
L’année 2023 a en effet vu une baisse nette de la capacité nucléaire mondiale, avec seulement cinq nouveaux réacteurs mis en service pour une capacité totale de 5 GW, tandis que cinq autres unités étaient fermées. Mycle Schneider, expert reconnu du secteur, souligne l’ampleur de ce défi : « Pour seulement maintenir la capacité actuelle, il faudrait mettre en service 10 réacteurs par an. »
Cette réalité met en lumière l’écart considérable entre les ambitions affichées et la situation actuelle de l’industrie.

Un pari sur l’avenir énergétique

La renaissance du nucléaire représente un pari audacieux sur l’avenir énergétique de la planète. Après avoir été relégué au second plan suite à la catastrophe de Fukushima en 2011, l’atome revient sur le devant de la scène comme une option sérieuse pour décarboner rapidement les économies. Cette résurgence s’accompagne d’une réflexion approfondie sur les moyens de surmonter les obstacles techniques, financiers et sociétaux qui ont freiné son développement ces dernières années.