La circulation maritime contribue à environ 3 % des émissions de CO2 à l'échelle mondiale. Cependant, il est prévu que les flux augmentent de deux fois d'ici 2050. Il serait possible de créer des flottes de voiliers-cargos.

Le fret, le transport de marchandises, est principalement le plus polluant dans le domaine du transport maritime, avec 57 000 navires qui traversent les océans : cargos, porte-conteneurs, vraquiers, pétroliers, chimiquiers. En général, tous utilisent du pétrole lourd pour se déplacer, l'un des carburants les plus toxiques et polluants lors de sa combustion. Ce mode de transport représente la grande majorité du commerce international de marchandises (90 %) et les prévisions suggèrent un doublement des flux d'ici 2050. Il existe encore peu de développements de solutions alternatives au pétrole lourd, mais des initiatives concrètes émergent, telles que les voiliers-cargos. Par exemple, la compagnie de transport TOWT se concentre sur le transport de marchandises et fonctionne depuis plus de dix ans avec des voiliers célèbres tels que le Tres-Hombres. De nos jours, l'entreprise évolue en construisant des voiliers-cargos tels que l'Anemos, qui mesure 80 mètres de long et 15 de large, ainsi que deux mâts de 55 mètres de haut pour déployer une voilure de 3 000 mètres carrés.

Ce bateau pourra transporter environ 1200 tonnes de marchandises à une vitesse moyenne de 10,5 nœuds (19 km/h). Comparé à cela, un porte-conteneurs traditionnel peut atteindre une vitesse de 15 à 23 nœuds (27 à 41 km/h). Ainsi, l'Anemos avance beaucoup plus lentement. Cependant, un porte-conteneur est bien plus volumineux et pour remplir son chargement et livrer les marchandises, il devra faire plusieurs arrêts, ce qui demandera beaucoup de temps. C'est la raison pour laquelle Belco, un producteur et importateur de café et de chocolat, souhaitant diminuer son empreinte écologique, a conclu un contrat exclusif avec la société de transport TOWT.
Selon Louis Mayaud, responsable du transport bas carbone chez Belco, le cargo à voiles serait presque « deux fois plus rapide » qu'un porte-conteneurs en chargeant l'intégralité des cales du bateau en une seule fois. Même si les conditions météorologiques sont défavorables et le vent n'est pas au rendez-vous de manière idéale. En cas de manque de vent sur une transatlantique prévue en dix-huit jours, « il est possible que cinq jours supplémentaires de navigation soient nécessaires ». En plus, l'entreprise diminue de 90 % ses émissions de CO2 liées au transport.


PLUS PROPRE, MAIS PLUS COUTEUX

Bien entendu, on réalise une économie en utilisant le pétrole non consommé et le vent est gratuit, mais le voilier-cargo est bien plus petit qu'un porte-conteneur. Alors que l'Anémos est capable de transporter 1 200 tonnes de marchandises, un porte-conteneurs en transporte 300 000, ce qui lui confère une plus grande attractivité grâce à des économies d'échelle. De plus, il est nécessaire de transporter des palettes sur le voilier-cargo plutôt que de grands conteneurs : cela demande davantage de temps et de travail, sans compter l'équipage de sept personnes chargées de conduire le bateau. Grâce à ses avancées et à ses technologies, l'Anemos a engendré un coût d'environ 20 millions d'euros, un investissement important à réduire pour TOWT.

D'après Alexandre Bellangé, P-DG de Belco, le coût supplémentaire associé à l'utilisation de la voile sera appliqué au paquet de café de 250 grammes vendu au consommateur. « Environ 20 centimes » pour un produit d'une valeur comprise entre 7 et 8 euros. Selon lui, une dépense acceptable. Selon lui, le consommateur a la capacité de comprendre et d'adhérer aux enjeux. Il peut également réduire sa consommation afin de compenser cette augmentation des prix. Le mode de transport sera mentionné sur le paquet afin de mettre en évidence la procédure.

Récemment, dans le cadre de la planification écologique, le pacte vélique a été signé par Roland Lescure, ministre délégué de l'Industrie et de l'Énergie, et Hervé Berville, secrétaire d'État chargé de la Mer et de la Biodiversité, avec tous les acteurs du transport maritime. De cette manière, le Gouvernement confirme son soutien aux acteurs de la propulsion des navires par le vent qui s'investissent dans la diminution de l'impact environnemental du secteur maritime, avec pour objectif de prendre 30 % des parts du marché mondial dans les années à venir.