Le greenwashing se réfère à une pratique marketing trompeuse où une entreprise donne une fausse impression ou fournit des informations trompeuses sur ses pratiques environnementales. Cette tendance s'est largement répandue récemment, comme en témoigne le cas du SBTi examiné ici. Les crédits carbones sont une mesure d'équivalence utilisée dans la lutte contre le changement climatique. En réponse aux engagements internationaux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, tels que le Protocole de Kyoto et l'Accord de Paris de 2015, ce mécanisme est devenu essentiel pour compenser les émissions résiduelles.


Sur les faits

Dans le domaine des spécialistes du climat, c'est un moment décisif. Le conseil d'administration du SBTi a donné son approbation à l'utilisation de crédits carbone dans l'élaboration des plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre que les entreprises soumettent à l'organisation pour validation.


Sur les conflits d’intérêts

L'évaluation des empreintes carbone des entreprises se déroule sur trois niveaux : les scopes 1 et 2, qui concernent les activités propres de l'entreprise, et le scope 3, qui englobe celles de ses sous-traitants et clients. Bien que les entreprises aient un contrôle accru sur les scopes 1 et 2, elles ont souvent réalisé d'importants progrès dans ces deux aspects, mais beaucoup moins dans le scope 3. "Les émissions des scopes 1 et 2 diminuent chez les entreprises, tandis que celles du scope 3 augmentent", confirme Matthieu Wemaëre, avocat et chercheur collaborateur à l'Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales).
Pour surmonter cette difficulté, le conseil d'administration du SBTi a estimé qu'il pourrait être utile pour les entreprises d'inclure l'achat de crédits carbone pour compenser leurs émissions résiduelles. Cependant, l'achat de ces crédits a été sujet à débat car il implique la compensation des émissions plutôt que de chercher à les réduire, par exemple en finançant des opérations de reforestation ou de restauration des mangroves.
Jusqu'à présent, ce type de compensation n'était pas pleinement compatible avec la méthode du SBTi, ou seulement marginalement. "Avec cette nouvelle méthode, une entreprise pourrait devenir neutre en carbone en ne faisant rien d'autre que d'acheter des crédits carbone", souligne Matthieu Wemaëre. C'est pourquoi plusieurs experts, y compris des employés du SBTi, ont porté l'accusation de "greenwashing".
Le SBTi dispose d'un comité regroupant plusieurs ONG et organisations internationales telles que le Pacte mondial des Nations Unies et le Fonds Mondial pour la Nature. Pour les salariés, cette décision va à l'encontre de la réputation de l'organisation, comme ils l'ont souligné dans une lettre publique. "Nous sommes prêts à soutenir tout effort visant à empêcher le SBTi de devenir davantage une plateforme de greenwashing où les décisions sont influencées par des lobbyistes, avec des conflits d'intérêts et sans respect des procédures de gouvernance", ont-ils déclaré, appelant à la démission du PDG et du conseil d'administration.


Concernant l’impact du crédit carbone sur le climat

Pour comprendre la forte réticence exprimée ici, il est nécessaire de se rappeler que le marché des crédits carbone, au-delà du principe de compensation qui fait l'objet de débats, a été entaché par plusieurs scandales. L'année dernière, une enquête du quotidien britannique "The Guardian" a révélé que 90% des crédits carbone émis par l'un des plus importants labels de compensation dans le monde n'avaient pas eu d'effet réel sur le climat.
Le mois dernier, la revue Nature Communications, Earth & Environment a également estimé que sur les 42 millions d'hectares de terres vendus en Australie sous forme de crédits carbone à des entreprises, 80% des zones étudiées avaient vu leurs forêts stagner ou même rétrécir.


Ce qu’il faut retenir

L'accusation de greenwashing à l'encontre du SBTi met en avant l'importance de la transparence et de la rigueur dans les actions visant à lutter contre le changement climatique. Elle souligne la nécessité d'une surveillance et d'une réglementation efficaces pour garantir que les labels et certifications environnementaux reflètent véritablement des pratiques durables et ne sont pas simplement utilisés à des fins de marketing.