« Eau de source » ou « minérale naturelle », voici ce que la population française pensait à juste titre boire en consommant l’eau en bouteille vendue par certaines grandes marques. Grande fut la déception d’apprendre que depuis plusieurs années, ces marques d'eau en bouteille qui font pourtant la fierté de la France au-delà de ses frontières ont recours à des traitements non conformes à la réglementation en vigueur. Les eaux ont subi des traitements avant leur mise en bouteille; traitements illégaux quand on sait que l’utilisation des filtres à charbon actif et des filtres UV est strictement interdite en ce qui concerne les eaux de source.

Une enquête du journal Le Monde et radio France a révélé ce 30 janvier 2024 qu’il s’agit d’une tentative dans une optique de masquer une contamination de leurs eaux de source.
En février 2023, les représentants du groupe NESTLÉ et les ministères de l’économie et de la santé ont eu une réunion au cours de laquelle les questions concernant les projets "d’actions" et de "transformation" des usines de conditionnement d’eau de Nestlé, et de "surveillance renforcée bactériologique et virologique de la qualité de l’eau".
Cette réunion a été très fructueuse pour l’industriel NESTLE WATERS car le grand groupe a obtenu que la première ministre Elisabeth Borne "la possibilité d’autoriser par modification des arrêtés préfectoraux la pratique de la microfiltration inférieure à 0,8 micron".

A ce stade, il est important de noter qu’une législation stricte est en vigueur en ce qui concerne le traitement des eaux minérales naturelles et des eaux de source . Il n’est pas légal de traiter ces eaux comme on traite l’eau potable du robinet. Les eaux minérales naturelles et les eaux de source sont censées être microbiologiquement saines. Elles ne nécessitent donc pas de traitement de décontamination ni de dépollution. NESTLE WATERS semble méconnaître la réglementation stricte qui pèse sur le traitement des l’eau en bouteille car c’est la quasi totalité de ses marques qui est accusé d’avoir utilisé des traitement illégaux. Le plus choquant est le fait que ces traitements illégaux ont été volontairement dissimulés par le secteur français des eaux en bouteille. L’argument commercial des industriels selon lequel les eaux en bouteille préserve la qualité de la composition microbiote et minérale n'est plus convaincant.
Le gouvernement serait informé de cette situation illégale et lourde de sens depuis août 2021. NESTLÉ aurait demandé au gouvernement de faire évoluer la législation en la matière afin qu’il puisse continuer à utiliser les traitements bien que illégaux. Ce qui est demandé au gouvernement, c’est de rendre légales des méthodes de traitement des eaux en bouteille qui selon la législation en vigueur sont illégales. C’est légitimement que le consommateur se demande pourquoi et comment le gouvernement a pu se prêter aux négociations.
NESTLE WATERS avance que les eaux minérales naturelles et les eaux de source à l’épreuve des changements climatiques et des activités humaines à proximité des sites ne sont plus vraiment à l’abri de la contamination et de la pollution.
Les traitements ultraviolets et les filtres à charbon ont été retirés selon l’industriel. Ce qui ne garantit pas l’absence totale de risques de contamination des sites. La fermeture des sites de NESTLÉ WATERS pourrait avoir de gros impacts tels que la perte d’emploi d’un nombre important de salariés, une atteinte à l’image de l’industriel.
Selon les propos du journal Le Monde et Radio France, le procureur de la république d’Epinal a été saisi en octobre 2022.

Cette affaire met clairement en évidence la question de l’équilibre entre la protection de l’environnement et la survie de l’activité économique générée par les grands groupes.