Pendant une crise agricole, des intérêts contradictoires se heurtent. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs s'opposent au plan Ecophyto, visant à réduire de moitié l'utilisation des pesticides en France d'ici 2030. Parallèlement, six associations "Générations Futures, ClientEarth, Global 2000, Pesticide Action Network Europe (PAN) et ses antennes allemandes et néerlandaises", contestent le renouvellement de l'autorisation du glyphosate par la Commission européenne jusqu'en 2033. Malgré sa classification comme "cancérogène probable" par l'OMS en 2015, le glyphosate reste l'herbicide le plus utilisé en France et dans le monde.

Martin Dermine, directeur de PAN Europe, souligne que la priorité doit être accordée à la santé et à l'environnement, affirmant que le glyphosate représente un danger indéniable. Anaïs Berthier, juriste et directrice du bureau européen de ClientEarth, rappelle que des lacunes dans l'évaluation du glyphosate avaient été identifiées en 2017, mais que les recours étaient limités par le règlement Aarhus. La modification de ce règlement en 2021 a ouvert de nouvelles possibilités. Les ONG reprochent à la Commission européenne d'avoir ignoré le principe de précaution malgré les preuves des dommages potentiels du glyphosate sur les humains, les animaux et l'environnement, dans leur recours déposé le 24 janvier.

Formellement, les associations accusent l'EFSA et l'ECHA, les agences réglementaires de l'UE, d'avoir approuvé la prolongation du glyphosate en ignorant délibérément les études non financées par l'industrie. Elles précisent que les données fournies par les fabricants sont arrivées trop tardivement et de manière incomplète, compromettant l'évaluation des risques. Les ONG affirment que le processus d'approbation a négligé des études mettant en évidence un risque accru de cancer, une mortalité élevée chez les insectes et des impacts significatifs sur le cerveau résultant de l'utilisation du glyphosate.

Dans une analyse publiée en novembre, Générations Futures a révélé que plus de 99 % des études scientifiques sur la toxicité du glyphosate au cours de la dernière décennie avaient été exclues du rapport préliminaire envoyé par des États membres aux agences réglementaires de l'UE. Seules 30 études académiques sur environ 7 000 auraient été prises en compte selon l'ONG.

Le porte-parole de Générations Futures, François Veillerette, demande à la Commission européenne de retirer le glyphosate du marché, soulignant des lacunes majeures dans son évaluation et l'importance de protéger les Européens. Pendant ce temps, la FNSEA en France exige du gouvernement l'abandon de tout objectif de réduction des pesticides, une position jugée inacceptable par Veillerette, qui affirme que ces produits sont nocifs pour tous.