Il est lancé un appel à tous : Mobilisons-nous pour la justice ! Cet appel émane du mouvement "Simenn Matinik Doubout". L'objectif est que tous les habitants du territoire se constituent en tant que parties civiles dans l'affaire du scandale du chlordécone. Un formulaire standard sera bientôt diffusé par ce collectif, composé d'associations civiques, écologistes et féministes, d'organisations syndicales, de formations politiques et de personnalités.

La "Simenn Matinik Doubout" se tiendra du 22 au 28 octobre 2023. Le but de cet appel à la mobilisation populaire est simple : impliquer chacun afin de montrer l'indignation après le non-lieu prononcé par le tribunal judiciaire de Paris le 2 janvier 2023.

L'appel formulé par les avocats des collectifs et des associations sera examiné en début d'année prochaine. Il sera alors de la responsabilité de la chambre de l'instruction de confirmer ou d'infirmer l'ordonnance de non-lieu. En attendant, il est question d'exercer une pression sur l'institution judiciaire, et ce, pour trois raisons fondamentales : le droit de savoir, le droit à la vérité et le droit à la justice.

Tout d'abord, il est impératif de savoir dans quelles circonstances l'autorisation de généraliser l'utilisation du pesticide à base de chlordécone a été accordée. La commission d'enquête parlementaire présidée par le député Serge Letchimy avait levé en novembre 2019 le voile sur l'opacité des décisions politiques à l'origine du scandale. Il appartient à la justice de confirmer ces faits.

Ensuite, il est essentiel d'accéder à la vérité, ne serait-ce que pour comprendre ce qui a poussé la corporation des planteurs de banane à réclamer à l'État l'autorisation d'utiliser un produit reconnu comme toxique. La justice pourra ainsi démontrer que le gouvernement et les responsables de la filière étaient au courant à l'époque.

Enfin, il est impératif de garantir l'accès à la justice, c'est-à-dire à un procès équitable au terme duquel "les empoisonneurs soient condamnés", selon les termes de Maître Raphael Constant, l'un des avocats du mouvement. La justice pourra alors réparer l'outrage fait aux peuples de Guadeloupe et de Martinique, et, au-delà, aux citoyens français soucieux du respect de leurs droits.

Il sera ainsi possible de déterminer si l'idéal républicain conserve une signification dans la patrie des droits humains.