
Le parc national des Calanques : un pas vers la protection de l’environnement
Par Lorraine COURTOIS-SABOURET
Chargée de projet en responsabilité sociale et environnementale - juriste environnement
DASSAULT SYSTEMES
Posté le: 19/04/2012 13:18
C’est après des années de débats que le mercredi 18 avril 2012, François Fillon, remplaçant de Nathalie Kosciusko-Morizet au ministère de l’écologie, a signé le décret instaurant le Parc National des Calanques. Ce parc s’étend de Marseille à Cassis et La Ciotat et recouvre 8 500 hectares sur terre et 43 500 en mer.
Selon Benjamin Durand, directeur adjoint du Groupement d’Intérêt Public et porteur du projet, cela fait approximativement un siècle que l’idée a vu le jour, puisqu’elle était évoquée dans les années 1910-1920. Cependant, cela fait réellement treize ans que les débats ont commencé puisque la réelle impulsion pour transformer les lieux en parc national a eu lieu en 1999. En 1975, les acteurs associatifs prônant la protection des Calanques ont obtenu le classement du site.
En effet, le site reçoit près de 2 millions de personnes par an ce qui explique la volonté d’encadrer sa fréquentation. C’est ainsi que l’objectif du décret est de protéger un site terrestre et marin rare et exceptionnel des possibles pollutions dues à sa sur-fréquentation.
Une loi du 14 avril 2006 dite « Giran » a permis l’augmentation de la place des acteurs locaux dans l’élaboration d’un parc national en réformant le mode de gouvernance et a modifié les critères de classement. Il s’agit, en l’espèce, alors d’un parc national « nouvelle génération ». C’est le premier créé en France métropole depuis 1979, le troisième au monde après Le cap et Sydney. Il s’agit également du premier parc périurbain d’Europe.
Benjamin Durand revient sur le fait que le projet, depuis le début « passionne et divise ». En réalité, certaines instances environnementales et écologiques dénoncent un manque d’ambition du projet. En revanche, certains élus et habitués des Calanques comme des pêcheurs, plaisanciers, grimpeurs craignent la possible sanctuarisation dudit site. Le directeur adjoint du Groupement d’Intérêt Public explique à ce propos, que les « usages qui se pratiquent déjà […] pourront continuer » bien qu’ils soient réglementés.
Le caractère atypique des Calanques, outre les remarquables falaises de calcaires blancs, tient notamment de ce qu’elles abritent. Elles sont peuplées de près de 138 espèces terrestres protégées comme le fameux couple d’aigles de Bonelli existants en France, de 60 espèces marines dont le mérou, le corb ou encore les tortues marines. En ce qui concerne la flore, le site compte plusieurs espèces végétales endémiques telles que l’ophrys de Marseille, la sabline de Provence ou l’astragale de Marseille. Outre ces éléments propres à la faune et à la flore, l’endroit comporte divers sites archéologiques comme la célèbre grotte Cosquer. Frédéric Mistral, André Derain ou encore Paul Cézanne ont apprécié ce site pour sa diversité et l’ont alors célébré.
Le décret du 18 avril 2012 modifie donc plusieurs pratiques sur les Calanques en mer et sur terre. 10, 5% d’ espaces de non-pêches sont instaurés, la pratique de jet-ski sont totalement interdite et les visites en bateaux devront se priver de messages diffusés par haut-parleur dans le but de respecter la quiétude des lieux. Pour ce qui est des mesures prises sur terre, la chasse demeure autorisée mais connaitra cependant, un arrêt progressif des lâchers de tirs, les randonneurs devront rester sur les sentiers balisés et toutes pratiques sportives extrêmes sont proscrites. Ce même sort est réservé au bivouac et aux éclairages artificiels. Les futurs agents du parc auront pour mission de sensibiliser le public à la protection de l’environnement et auront toute compétence pour verbaliser tout individu irrespectueux de ces nouvelles règles. Il faut noter tout de même que l’accès au site restera gratuit.
Nonobstant les années de débats pour la signature d’un tel décret, certaines critiques apparaissent. « C’est un parc politique, on a tout permis à tout le monde » selon Denyse Ricard-Maubon, fondatrice du collectif « Un parc national pour les calanques ». De même des élus politiques écologistes dénoncent «la réduction importante de la zone coeur terrestre et maritime, la faiblesse des propositions des zones de non-prélèvement où toute forme de pêche professionnelle ou de loisirs doit être interdite, et la banalisation de l'activité de chasse en cœur de parc national». D’autres élus comme le maire des 9° et 10° arrondissements de Marseille (dont une partie est incluse dans le Parc) et président du Groupement d’Intérêt Public, Guy Tessier se réjouit «Ce parc, un objet monde, est une chance pour Marseille et sa métropole, la positionnant comme un territoire d'excellence en matière de protection de l'environnement. Cela va tirer l'image de Marseille vers le haut» d’autant que ce nouveau statut favorisera les projets de développement durable.