Jeudi 15 septembre dernier, la décision a été prise par la commission européenne d’interdire la pêche de fond dans une zone cumulée de 16 419 km2. « Les écosystèmes remarquables au-delà de 400 mètres de profondeur vont enfin pouvoir souffler et cesser de se faire broyer par des énormes engins industriels », s'est réjoui Claire Nouvian, fondatrice de l'association Bloom. Cette dernière appelle désormais à « fixer le cap d'une interdiction du chalutage de fond dans toutes les aires marines jusqu'ici faussement "protégées" de l'Union européenne ».

Cet acte d'exécution, proposé par Virginijus Sinkevičius, commissaire européen à l'Environnement, aux Océans et à la Pêche, a été adopté en application du règlement relatif à l'accès aux eaux profondes introduit en 2016. Il prévoit d'interdire l'accès de 87 « zones sensibles » de plus 400 mètres de profondeur à tous les engins de fond : chaluts de fond, les dragues, les filets maillants de fond, les palangres de fond, les casiers et les pièges. Ces zones, qui recouvrent 57 écosystèmes jugés « vulnérables », se situent dans l'Atlantique du Nord-Est, au large des côtes d'Irlande, de France, d'Espagne et du Portugal. Elles ne représentent néanmoins que 1,16 % du volume des eaux communautaires européennes de l'Atlantique. « Ces fermetures offrent une protection supplémentaire pour aider à restaurer les écosystèmes marins vulnérables tels que les récifs coralliens des eaux froides, les monts sous-marins et les failles en eaux profondes », souligne la Commission européenne.

« Cette décision est importante, car elle réaffirme l'importance des mesures de protection des grands fonds, malgré les objections du gouvernement espagnol et de certains secteurs de l'industrie de la pêche », soutien Matthew Gianni, conseiller politique de la Coalition pour la conservation des fonds marins (DSCC). Ce dernier fait référence, notamment, à l'opposition de l'Espagne face à la proposition lors de sa présentation devant la Commission, en juin dernier. Par ailleurs, dans une déclaration à l'AFP, l'Alliance européenne pour la pêche de fond (EBFA) a dénoncé l'absence d'une étude d'impact économique d'une telle mesure. L'acte d'exécution en question entrera en vigueur vingt jours après sa publication, une fois paru au Journal officiel de l'Union européenne.