Le topiramate est un médicament vendu sous la marque Epitomax produit par le laboratoire Janssen pour lutter contre l’épilepsie et les migraines. Mais encore, il est parfois prescrit par les médecins comme amaigrissant, usage non prévu par la notice. A contrario, aux États-Unis, cet usage est bien indiqué dans les déclarations officielles puisqu’une forme de traitement est approuvée contre l’obésité.

Les risques engendrés par l’exposition à ce médicament sont connus depuis quelques années. Dans le cadre du scandale de la Dékapine du laboratoire Sanofi en 2019, un antiépileptique engendrant des troubles chez l’enfant. L’autorité du médicament avait déjà mis en garde sur l’usage du Topiramate. En effet, le topiramate augmente les risques de malformations comme le fameux bec-de-lièvre, le mauvais placement de l’urètre chez l’enfant à naître ou encore faisant courir le risque au bébé de peser un poids très faible à la naissance.

Une étude publiée fin mai dans la revue JAMA Neurology et effectuée à partir de données de plusieurs millions de femmes scandinaves démontrent des risques de déficience intellectuelle ou d’autisme. Ces risques sont triplés chez l’enfant si la mère est exposée au médicament pendant la grossesse. Des suites de cette publication, l’ANSM a lancé l’alerte auprès de l’Agence Européenne du Médicament (EMA) afin de réévaluer les conditions de prescriptions du médicament en cause. En effet, selon le spécialiste des traitements neurologique à l’ANSM, Monsieur Philippe Vella, ces risques n’étaient pas caractérisés pour justifier une réévaluation. Pour le moment, aucun autre traitement ne se révèle efficace pour lutter contre l’épilepsie. C’est donc aux médecins d’évaluer la balance bénéfices / risques. C’est-à-dire de savoir si les crises sont suffisamment élevées pour compenser les risques encourus pour l’enfant à naître. A contrario, le médicament ne peut être arrêté sans discussions avec un médecin puisque l’arrêt pourrait aggraver les crises. Cette affaire rappelle certains précédents sur des médicaments dont les risques seraient plus élevés que les bénéfices s’y rapportant. Par exemple, des chercheurs de l’INSERM de l’Université de Bordeaux et du CHU de Bordeaux avait publié une étude sur le Vogalène. Celui-ci augmenterait les risques d’accidents cardiovasculaires pour ses consommateurs. L’ampleur du problème étant que ce médicament n’ayant pas besoin d’ordonnances. Il est régulièrement acheté en pharmacie et serait prescrit par cinq millions de patients par an. Aujourd’hui, comme pour le Topirama, le ratio bénéfice-risque doit être évaluer au cas du patient et adapté par le médecin. En conséquence, ces deux médicaments restent des affaires à suivre.