"La planète devient rapidement inhabitable. Nous entrons dans une réalité hostile à l'espoir humain", expliquait mercredi 10 août sur le site France Info Clément Senchal, porte-parole climat de Greenpeace France. Depuis le début de l'été, la France fait face à de nombreux incendies sur son territoire.

franceinfo : Que pensez-vous de ce qui se passe en France, notamment de la sécheresse ?

Clément Senchal : Notre planète devient rapidement inhabitable. Nous changeons de monde et entrons dans une réalité fondamentalement hostile à l'espoir humain. Rien de mignon mais rien d'extraordinaire non plus.

"Cela fait 40 ans que les négociations internationales sur le climat ont commencé et moins de gaz à effet de serre ont été rejetés dans l'atmosphère qu'au cours de la dernière décennie."

On sait très bien qu'il en résulte une intensification des phénomènes hostiles comme les canicules, les sécheresses et les incendies.

N'avons-nous pas honoré l'Accord de Paris de 2015 ?

L'État français a été condamné à deux reprises pour son inaction climatique. Les émissions de gaz à effet de serre ont été réduites de manière tout à fait anecdotique depuis la signature de l'Accord de Paris, souvent en raison d'hivers de plus en plus doux qui réduisent la pression sur la demande énergétique plutôt que de politiques climatiques engagées.

« Lors de la session parlementaire extraordinaire, qu'a fait le gouvernement ? Il a refusé de taxer les grandes entreprises comme celles de Total. Au lieu de cela, nous continuons à subventionner la consommation d'énergies fossiles, y compris pour les ménages les plus favorisés, qui n'ont pas besoin de cette réduction. "

Contrairement à des pays comme le Royaume-Uni et l'Espagne, qui se sont engagés à taxer les superprofits des groupes pétroliers. D'autres pays comme le Canada ont décidé de surutiliser les produits de luxe tels que les jets privés, les yachts et les voitures de sport. C'est la direction à prendre. Les groupes privilégiés ont une empreinte écologique générale qui ne correspond pas tout à fait au reste de la population.

Y a-t-il une soif de la plus humble de justice ?

Il y a un problème de justice sociale. L'urgence est de changer le système économique, d'abandonner complètement le modèle de croissance fanatique et de repositionner les activités humaines dans les limites de la planète.

Six limites sur neuf ont été franchies, à commencer par le changement climatique et l'érosion de la biodiversité. La sobriété doit être réglementée pour être juste. Nous devrions partager l'effort en commençant par ceux qui ont l'empreinte carbone la plus élevée, c'est-à-dire les plus riches. En France, les 1% les plus riches, du fait de leur mode de vie, ont une empreinte carbone 13 fois supérieure aux 50% les plus pauvres.

Qu'attendez-vous du gouvernement ?

Pas tant. Le gouvernement n'a absolument rien fait alors que nous sommes en pleine urgence climatique. On le voit cet été avec la multiplication des événements catastrophiques. En loi sur le pouvoir d'achat, nous avons relancé le charbon et confié à Total une nouvelle usine de GNL à construire au Havre qui générera de nouveaux gaz à effet de serre. Nous avons donc un gouvernement totalement opposé au mouvement écologiste parce qu'il est au service des classes les plus riches et des multinationales.