Vers l’euro numérique en 2030 ?


Entre efficacité énergétique avec la DEFI et la sécurisation des transactions ; l’Union Européenne semble se doter d’un arsenal numérique.
« Quel euro numérique voulons-nous, demain, et pour quoi faire ? Quel arbitrage entre sécurité et liberté et quels effets sur l’inclusion numérique et financière ? ».
Face à l’hégémonie des Altcoins et du Bitcoin et donc des cryptomonnaies ; l’euro numérique semble bien être une réponse parcellaire et univoque, visant d’ici 2024 un premier lancement. Selon l’autorité de protection des données personnelles estime qu’il faut penser à la vie privée des futurs utilisateurs dès sa conception.

En juillet 2021, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé le lancement d’un projet d’euro numérique avec un objectif de déploiement en 2024. Ce projet commence par une phase pilote de deux ans, notamment avec une exploration des cas d’usage de cette future monnaie virtuelle. Une fois lancée, celle-ci permettrait de concurrencer les cryptomonnaies comme le bitcoin ou l’ether.
La BCE penche sur une structure décentralisée DEFI, de la monnaie permettant une diminution du coût énergétique des transactions à la manière de la monnaie ELROND, un protocole novateur permettant de réaliser un nombre record de transaction à bas coût. Selon la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), un élément est à prendre en compte dès maintenant : la protection de la vie privée des futurs utilisateurs, comme le réaffirme le Comité européen de la protection des données (CEPD) et les participants à une consultation publique de la BCE publiée en avril 2021. La confidentialité a en effet été considérée comme le point le plus important pour 43% des répondants. Pour la CNIL, « il est important que l’euro numérique soit protecteur de la vie privée dès sa conception », et en corollaire apporter une solution nouvelle en matière de dépense énergétique, ou d’efficacité énergétique.
Les tendances des Européens se dirigent vers des solutions numériques plutôt que des transactions en espèces (82% des transactions courantes selon la BCE).

Pourtant, celles-ci ont un avantage : elles permettent l’anonymat des paiements, il n’est ainsi pas possible de tracer les achats effectués et il n’y a pas de risque pour la vie privée. L’anonymat ne sera cependant pas facile à garantir avec le projet de la BCE : « On ne sait pas encore si le futur euro numérique offrira également cette possibilité, pour plusieurs raisons », indique la CNIL. L’autorité française explique que les conditions d’émission et de distribution en ligne de cette monnaie virtuelle ne semblent pas compatibles technologiquement avec « un anonymat total dans l’usage ». Autre problème : cela rentrerait en contradiction avec d’autres objectifs comme la lutte contre le blanchiment ou le financement du terrorisme.

Un équilibre est donc à trouver avec, entre autres, un anonymat en dessous d’un certain seuil pour les transactions quotidiennes. Une solution pourrait être d’appliquer les mêmes règles aux monnaies numériques de banque centrale qu’aux espèces pour la lutte contre le blanchiment et le financement terrorisme. Les règles à propos des espèces prévoient une utilisation libre en dessous de 1 000 euros en France. Pour les transactions au-dessus du seuil qui serait retenu, la CNIL indique que « l’identification des utilisateurs ne doit pas excéder ce qui est strictement nécessaire au respect des obligations réglementaires des entités concernées ». Il n’est en effet pas obligatoire de s’identifier auprès d’un commerçant. Or, la monnaie numérique possèderait une clef semblable au "SHA 256" du Bitcoin, lui permettant d'être inviolable face à toutes tentatives de piratage.

L’autorité chargée de la protection des données personnelles en Europe appelle également à l’émergence d’un débat public à propos de l’euro numérique. Ce projet devrait faire l’objet d’un référendum à l’échelle de l’Union.