Les Journées Hydrogène se sont tenus cette année à Rouen du 5 au 7 juillet.

Ces journées ont permis principalement de faire le point sur l'ensemble des projets de déploiement en France et plus particulièrement sur les projets de la Région Normandie.

Lors des conférences plénières, plusieurs intervenants ont relevé une série de préoccupations autour des différents sujets, notamment, sur :
 La nécessité d’une autonomie et souveraineté énergétique française ;
 La nécessité d’une électricité bas-carbone et à un coût maîtrisable, afin de produire de l’hydrogène bas carbone et/ ou renouvelable ;
 La nécessité d’une réglementation claire permettant le développement de l’activité liée à la production, le stockage et le transport d’hydrogène
 La nécessité de développer une formation professionnelle industrielle adaptée à l’hydrogène ;
 Le besoin d’un réseau de canalisations de transport d’hydrogène comme prémisse nécessaire au développement de la filière hydrogène afin de relier le site de production aux lieux de la consommation finale par les usagers.

Hubert Dejean de La Bâtie, Vice-Président de la Région Normandie, a rappelé que la Vallée de Seine absorbe un tiers de l’hydrogène français. La région favorise déjà le développement d’installations de production d’hydrogène et souhaite continuer à dynamiser le territoire et le rendre encore plus attractif pour les entreprises de ce secteur stratégique.

Emmanuel Edeline d’ArianeGroup a évoqué les 40 années d’expérience du groupe dans l’hydrogène sous forme liquide. Il a servi en effet de carburant pour lancer des satellites à l’espace. Cela a permis de développer un savoir-faire qui pourrait être mis à profit pour des applications notamment dans l’aéronautique. Actuellement Airbus et Safran qui développent l’aviation commerciale à hydrogène sont très intéressés par ces technologies.

Pierre Fillon, Président de l’Automobile Club de l’Ouest, a annoncé qu’un prototype a été développé pour préparer une catégorie hydrogène aux 24 h du Mans, en vue de 2025. A ce propos, M. Fillon a fait part de son intérêt pour l’hydrogène liquide, que maîtrise ArianeGroup, et qui serait plus adapté aux contraintes de la compétition automobile. Afin d’atteindre ses objectifs « l’Automobile Club de l’Ouest » a financé une première station hydrogène qui devrait être livrée début d’année 2024.Il s’agit d’une station à l’hydrogène vert qui pourra alimenter une flotte de 10 bus, ainsi que des bennes à ordures et d’autres véhicules.

Pierre Ganchou, du réseau Idelis, a parlé du Febus, mis en place dans la ville de Pau, il s’agit d’une flotte qui compte 8 bus Van Hool, et qui s'étoffe pour l’été 2022 de 4 bus supplémentaires. Aujourd’hui 3,3 millions de voyageurs ont déjà emprunté ces bus, qui ont parcouru 700 000 de km. La station a débité 60 tonnes d’hydrogène.

Transdev et la région Normandie ont développé un projet de rétrofit d’un autocar Diesel, le véhicule devrait être homologué à l’automne, le service permettra à terme de parcourir les 380 km entre Rouen et Evreux « en mode zéro émission ». Le rétrofit hydrogène permettra de prolonger la durée de vie du véhicule, sachant que le gain en CO2 est de 40 % sur l’ensemble du cycle de vie. Il a été précisé par la région que l’autocar allait pouvoir se ravitailler auprès de l’une des 9 stations du réseau EAS-HyMob.

La Région Normandie accentue ces efforts pour remplacer les énergies fossiles par l’hydrogène vert, en ce qui concerne l’industrie et la mobilité lourde. Ainsi, elle estime qu’il y a un réel potentiel pour le développement du train à hydrogène, notamment sur les lignes Paris-Granville et Rouen-Dieppe. Mais, la priorité reste de parvenir à passer de l’hydrogène gris (produit à partir des énergies fossiles) à l’hydrogène vert (produit à partir des énergies renouvelables).

Pour sa part, Nicolas Mayer-Rossignol, Maire de Rouen, a déclaré que la Métropole fera l’acquisition de 14 bus Van Hool qui seront affectés à une ligne unique. Ces bus seront alimentés en hydrogène vert par une centrale solaire qui fournit l’électricité nécessaire pour un électrolyseur de 2 MW. Il a aussi rappelé qu’il pouvait libérer du foncier dans la zone industrielle et portuaire, son souhait étant qu’un « pipeline commun » puisse faire transiter tout cet hydrogène.

Le projet de Port-Jérôme, aujourd’hui en phase d’enquête publique, produira 20 000 tonnes par an d’hydrogène, grâce à un électrolyseur Siemens de 200 MW. L’usine se situe au carrefour des raffineries de Total Energies et Esso et des usines d’engrais de Borealis et de Yara. Elle fournira en priorité ces industriels, mais une partie sera utilisée pour la mobilité hydrogène.

FEV France a communiqué sur le moteur à combustion hydrogène. C’est un moteur à combustion qui utilise de l’hydrogène comme carburant, à la place de l’essence.
Une barge à hydrogène sera mise en service dans le port fluvial de Rouen. Le projet « ELEMANTA H2 » rassemble plusieurs partenaires (Améthyste, ArianeGroup, le Cetim, HDF Energy, Rubis Terminal et Sofresid engineering). L’objectif est d’apporter des services d’électrification à quai, en complément du réseau électrique, pour des bateaux de type porte-conteneurs, navires de croisière ou encore tankers. ELEMANTA H2 permettra aussi le soutage en hydrogène pour répondre aux besoins de ravitaillement des futurs bateaux à hydrogène.

La neutralité carbone attendue d'ici 2050, la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine et la nécessité d’une autonomie énergétique, placent donc l'hydrogène au cœur de la transition énergétique.

En France, grâce à un fort financement local et au soutien de la Commission Européenne, plusieurs projets se développent à grande vitesse. Des « écosystèmes hydrogène » se répandent sur le territoire français et des sites industriels appelés « gigafactories » dédiés à la production d’électrolyseurs, ainsi que le déploiement des sites de production d’hydrogène renouvelable s’installent dans différentes régions. Les communes, fortement engagées dans la transition énergétique, installent des flottes de bus à hydrogène, de vélos à hydrogène, de cars à hydrogène, de stations de services H2, et encore beaucoup d’autres utilisations…

L’hydrogène parvient donc à s’imposer comme une véritable solution dans le mix énergétique.