Le 1er juin 2007, l'Union européenne a introduit REACH (Registration, Evaluation, autorisation des substances chimiques), l'un des règlements les plus ambitieux jamais mis en œuvre à l'échelle européenne. Ce règlement introduit une nouvelle philosophie dans la manière d'envisager la protection de l'environnement et de la santé. Selon le préambule, l'objectif de REACH est de "d'assurer un niveau élevé de protection de la santé humaine et de l'environnement, tout en améliorant la compétitivité et l'innovation".

Cette règlementation présente un intérêt particulier pour l'industrie de lu textile car la fabrication des fibres des vêtements et la transformation des matériaux de base nécessitent l'utilisation de certains produits chimiques tels que l'éthoxylate de nonylphénol (NPE), les formaldéhydes, classés par le Centre international de recherche sur le cancer comme cancérogènes avéré pour l'homme, souvent utilisés dans vêtements synthétiques, contribuant à les rendre infroissables et résistants, et les perturbateurs endocriniens (composés per-fluorés), également utilisés dans de nombreux vêtements car ils rendent le tissu plus facile à nettoyer et à repasser. Ces derniers peuvent induire des problèmes d'infertilité, le développement de cancers, des déficiences immunitaires et provoquer des perturbations du développement neurologique.

Le règlement s'applique à toutes les entreprises européennes qui fabriquent, importent ou utilisent des substances chimiques dans le cadre de leurs activités, qu'il s'agisse de ces substances en tant que telles (comme un solvant ou un métal), utilisées dans un mélange (produit de nettoyage contenant ce solvant, alliage) ou encore contenues dans un article, tel qu'un vêtement, une chaussure ou un accessoire textile ou maroquinerie.

REACH impose certaines obligations aux entreprises, telles que l'obligation de fournir des informations sur les substances chimiques contenues dans les articles et leur impact sur la santé et l'environnement. À ce titre, toutes les substances chimiques doivent être enregistrées et ne doivent pas dépasser une tonne par an, l'utilisation des substances extrêmement préoccupantes est soumise à une autorisation préalable (31 substances actuellement répertoriées) et certaines substances sont soumises à des restrictions de commercialisation lorsqu'elles sont uniquement liées à des usages spécifiques (64 substances actuellement répertoriées). Les entreprises doivent également tenir compte du niveau de concentration des produits et éliminer les substances très préoccupantes telles que les phtalates, les retardateurs de flamme, les agents d'imperméabilisation les agents de teinture, etc. Un manquement à ces obligations peut entraîner le retrait du produit du marché, l'information des clients sur la présence de substances préoccupantes, la notification à l'ECHA (Agence européenne des produits chimiques) de la présence de ces substances avant toute mise sur le marché, le paiement d'une autorisation (58 000 € par substance), et peut parfois même entraîner de lourdes sanctions pénales.

En France, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) publie un plan de contrôle annuel des produits chimiques, qui comprend la vérification de la conformité des fiches de données de sécurité aux exigences de REACH et le respect des règles d'autorisation et de restriction d'utilisation des substances chimiques.