Tous les cinq à six ans, le GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) publie une vaste contribution scientifique sur le climat, consensus approuvé par des centaines de scientifiques (234 auteurs pour le rapport 2021) et de gouvernements (195 cette année). Le texte publié le 8 août dernier constituera la base des réflexions lors de la COP 26, le sommet climatique qui se tiendra à Glasgow en novembre 2021. Il s’avère alarmant sur l’accélération du rythme des changements climatiques ces dernières années, et réaffirme l’origine anthropique du réchauffement.
En 2015, avec la signature des Accords de paris, la plupart des pays du monde se sont donné comme objectif de limiter l’augmentation de la température d’ici 2100 à 2°C, et se sont engagés à faire tout leur possible pour limiter cette augmentation à 1,5°C. Mais, d’ores et déjà, le groupe d’experts mesure un réchauffement de 1,1°C depuis les débuts de l’ère industrielle (1850). Même dans leur scénario le plus optimiste, les scientifiques du GIEC estiment qu’un réchauffement de 1,5°C pourrait être atteint dès le début des années 2030. La trajectoire actuelle nous mène en 2100 à un réchauffement de plus de 3°C, et de 5,7°C pour le scénario le plus pessimiste. Il faut rappeler que même s’ils étaient respectés, les engagements de l’Accord de paris ne limitent le réchauffement climatique qu’à 3°C.
Or, l’ONU déplore que non seulement les engagements généraux ne sont pas assez ambitieux, mais qu’à fin juillet 2021, seuls 110 pays sur 197 ont déposé leurs engagements nationaux, appelés « contribution déterminée au niveau national » (NDC). Parmi les grands absents, la Chine, l’Inde ou l’Australie, gros contributeurs. Les Etats-Unis ont déposé la leur dès l’arrivée de Joe Biden, qui a officialisé le retour de son pays dans l’Accord de Paris.
De plus, les trajectoires nationales sont loin de satisfaire concrètement aux projections scientifiques : ceux-ci estiment qu’il faudrait réduire de 45% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 2010). Or l’examen des 75 NDC publiées fin 2020 montrait que l’effort collectif ne permettait qu’une réduction des émissions… de 1%.
Pourtant, la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique ne fait plus de doute et a été réaffirmée à l’occasion du dernier rapport du GIEC : 60% des émissions de méthane sont imputables à l’agriculture, un tiers aux énergies fossiles. Depuis 1990, les émissions annuelles de CO2 ont bondi de 63%, et sa concentration dans l’atmosphère a atteint 410ppm, un niveau jamais atteint depuis au moins deux millions d’années. Les exemples foisonnent dans le rapport.
Avec ce nouveau constat alarmant, mais aussi la multiplication des événements extrêmes que nous vivons d’ores et déjà, nul doute que des réglementations contraignantes continueront de voir le jour dans la décennie à venir, aussi bien en matière de consommation que de modes de production, avec des impacts très importants sur des pans entiers de nos économies et sur nos modes de vie.