Le Maroc porte plainte devant le tribunal correctionnel de Paris pour les accusations portées contre lui dans l'affaire Pegasus.
L'avocat Olivier Baratelli a annoncé jeudi qu'il avait été désigné par le Royaume du Maroc et son ambassadeur en France pour porter plainte devant le tribunal correctionnel de Paris contre Forbidden Stories et Amnesty International sur des accusations de diffamation, en raison de son accusation d'avoir utilisé le programme d'espionnage israélien "Pegasus".

"Le Royaume du Maroc entend soumettre immédiatement le dossier à la justice française car il veut faire la lumière sur les fausses allégations de ces deux organisations qui ont présenté des éléments sans aucune preuve concrète et étayée", a déclaré Baratelli.

Pégase... l'arbre qui cache la forêt du marché de l'espionnage électronique gouvernemental

"L'Etat marocain considère qu'il fait face à une nouvelle affaire et que le passé a clairement démontré qu'il est facile de tirer des conclusions erronées de telles pratiques", a ajouté l'avocat, dénonçant "un procès aux motivations médiatiques infondées et destiné à déstabiliser les profondeurs relations diplomatiques entre le Maroc et la France.

Le Royaume du Maroc entend « ne pas laisser impunis les mensonges et les fausses nouvelles qui se sont répandus ces derniers jours ».

Dès lundi, le gouvernement marocain s'est défendu en niant disposer de "logiciels d'information pour pénétrer les appareils de communication".

Mercredi, le Maroc a déclaré qu'il recourrait à un "effort judiciaire" suite à la publication de nouveaux reportages dans les médias indiquant sa possible implication dans l'utilisation du programme "Pegasus" pour cibler les téléphones de personnalités publiques, dont le président français Emmanuel Macron.

Une brève déclaration du gouvernement indiquait que « le Maroc, fort de ses droits et convaincu de la pertinence de sa position, a choisi de prendre l'initiative juridique et judiciaire au Maroc et au niveau international, de tenir tête à toute partie cherchant à exploiter ces fausses allégations."

Il est à noter que Radio France a rapporté mardi que le roi Mohammed VI du Maroc et ses proches figuraient "sur la liste des cibles potentielles" de l'émission "Pegasus", qui a été utilisée pour espionner des journalistes, des défenseurs des droits humains et des hommes politiques.

Le journal Le Monde a également indiqué mardi que les numéros de téléphone du président français Emmanuel Macron et des membres de son gouvernement figuraient "sur la liste des numéros choisis par un service de sécurité de l'Etat marocain qui utilise le logiciel espion Pegasus dans le but d'un éventuel piratage".

Forbidden Stories et Amnesty International ont obtenu une liste de 50 000 numéros de téléphone choisis par les clients du groupe israélien NSO depuis 2016 dans le but de mener d'éventuelles opérations d'espionnage. Les deux organisations l'ont transmis à un groupe de 17 médias qui ont dénoncé cette affaire dimanche, dont Radio France et le journal Le Monde.

Et le journal Le Monde a rapporté mardi que les téléphones d'un certain nombre d'hommes politiques marocains, dont le Premier ministre Saad Eddine El Othmani, "ont été sélectionnés pour un éventuel ciblage par le logiciel espion Pegasus".

Pour sa part, le gouvernement marocain, a fermement démenti ce qui était indiqué dans ces rapports.