La mode, plus particulièrement la fast-fashion, est un acteur majeur de la pollution dont l’empreinte carbone — 1.2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre par an émis par l’industrie de la fast-fashion — rivalise avec les autres industries, notamment l’industrie du pétrole. Cela est dû à une surconsommation croissante entraînant une surproduction depuis le début des années 2000. L'industrie de la mode est responsable de 10% des émissions mondiales annuelles de carbone ; ce qui, à cette allure, pourrait conduire à une augmentation de plus de 50% des gaz à effet de serre en provenance de ladite industrie d’ici 2030. La « fast-fashion » peut être définie comme la multiplication de vêtements bon marché s’imprégnant des tendances actuelles et confectionnés rapidement avec des matériaux polluants afin de répondre à la demande des consommateurs, le temps d’une saison. Elle crée un impact environnemental du fait de son mode de production rapide et de son utilisation de matériaux toxiques ; apportant dès lors une nouvelle interprétation à la célèbre citation d’Yves Saint-Laurent : « la mode passe, le style reste. »
La production de ces matériaux, notamment le coton qui est l’un des matériaux le plus utilisé — un quart de la production mondiale des fibres — avec le polyester dans la conception de ces vêtements, nécessite une importante quantité d’eau et de pesticides. L’industrie du textile est le troisième secteur consommateur d’eau au monde, utilisant 4% de l’eau potable disponible dans le monde pour la confection des vêtements. En effet, chaque année, environ 93 milliards de mètres cubes d’eau sont consommés, ce qui équivaut au besoin de cinq millions de personnes. Selon une étude du programme des Nations Unies pour l’environnement, il faut 3781 litres d’eau pour fabriquer un jean, de la production du coton à la livraison du produit final au magasin, soit l’équivalent de 33.4 kilogrammes d’équivalent carbone. De plus, la nature cyclique des dommages environnementaux produite par la surproduction de la fast-fashion entraîne une sur-utilisation de l’eau, conduisant à des eaux usées. Environ 20% des eaux usées mondiales sont le résultat direct de la teinture et du traitement des tissus ; cela a un impact négatif sur la qualité de l’eau du fait de sa pollution par des toxines et des métaux lourds ayant des retentissements sur la santé de l’Homme et des animaux.

Concernant les déchets textiles, 92 millions de tonnes sont produites et 100 milliards de vêtements sont vendus, chaque année dans le monde. 70% des fibres synthétiques produites dans le monde proviennent du pétrole et ces vêtements composés de matière synthétique libèrent des micro-fibres plastiques — 500 000 tonnes selon une estimation de l’ADEME en 2017 — à chaque lavage, finissant dans les océans. D’ici 2030, le nombre de déchets textiles devrait dépasser 134 millions de tonnes par an, dont 95% pourraient être recyclés et réutilisés si l’influence de la fast-fashion ne mettait pas à mal l’industrie de la mode. En ce sens, on recense en 2018 17 millions de tonnes de déchets textiles dans les décharges. Ces déchets peuvent mettre deux cents ans à se décomposer, créant une pollution mondiale invisible. Par exemple, les États-Unis exportent leurs invendus dans les pays en développement où les systèmes de gestion des déchets municipaux demeurent fragiles. De ce fait, les articles invendus deviennent des déchets solides, produisant des risques pour la santé notamment à cause du colmatage des rivières et de la pollution des espaces verts par les effluves chimiques dégagés par les colorants toxiques des teintures, dégradant leur écosystème.

L’impact environnemental de la fast-fashion conduit à un impact social. Les vêtements de la fast-fashion vendus aux quatre coins du monde sont de manière générale fabriqués et assemblés dans des pays en développement à faible revenu ou intermédiaire comme la Chine ou le Bangladesh. En pratique, on déplore dans ces pays des infrastructures politiques défectueuses ne prenant pas en considération les risques professionnels comme le risque de se blesser à cause de mouvements répétitifs et d’un manque de pauses ou encore celui de contracter une maladie pulmonaire causée par la poussière et les particules synthétiques contenues dans l’air environnant. Négligeant les protocoles de sécurité sur le lieu de travail comme moyen d'acquérir une main-d'œuvre peu onéreuse, la fast-fashion impacte directement la qualité de vie des travailleurs des usines de confection. Les travailleurs vivant à proximité des zones contenant des décharges de textiles et d’eaux usées sont d’autant plus victimes de cet environnement hostile, créant par conséquent une injustice tant environnementale que sociale quant aux mauvaises conditions de travail et à la négligence, mettant en danger la santé humaine. L’effondrement du Rana Plaza en 2013 au Bangladesh en est le parfait exemple : l’établissement devenu insalubre s’est écroulé causant le décès de 1134 personnes du fait de la négligence des propriétaires de l’immeuble ayant obligé les employés à venir travailler. Nonobstant la responsabilité des propriétaires de l’immeuble et non celle des « marques », le fait que ces marques de fast-fashion favorisent l’accessibilité de leurs produits ainsi que la production rapide de ces derniers au détriment de la sécurité de leurs employés démontre de mauvaises conditions de travail et une injustice environnementale.
L’Environmental Protection Agency des États-Unis — structure équivalente à l’ADEME en France — définit la « justice environnementale » comme « le traitement équitable et la participation significative de toutes les personnes sans distinction de race, de couleur, d’origine ou de revenu, en ce qui concerne l’élaboration, la mise en oeuvre, et l’application des lois et réglementations environnementales et politiques », soit une garantie d’accès équitable et sans discrimination à l’eau potable, à une alimentation saine et à un logement sûr, ainsi qu’une participation des minorités aux décisions politiques environnementales comme la prévention des risques, la modification des pratiques et la restauration des environnements dégradés, qui les impactent davantage.

Partant, l'industrie mondiale de la mode dans son ensemble rejette inévitablement des émissions carbone avec la production et l’expédition, mais avec les grandes quantités de vêtements qui sont cultivées, fabriquées, transportées et jetées rapidement, cela rend la quantité d'émissions inexcusable. Des mesures ont donc été prises pour réduire l’empreinte carbone et le gaspillage. En 2019, la coalition mondiale The Fashion Pact, représentant un tiers du secteur mondial du textile et de la mode en volume de production — en l’espèce plus de 60 signataires, 200 marques, dans 14 pays — regroupant ainsi des marques de luxes et de fast-fashion a été mise en place et a développé un programme commun visant à intégrer des méthodes de production plus respectueuses de l’environnement en s’inspirant des objectifs 13 (lutte contre les changements climatiques), 14 (préservation et valorisation des mers et des océans) et 15 (préservation et restauration des écosystèmes terrestres) de développement durable des Nations Unies. Les moyens éco-responsables comprennent la réutilisation des textiles inutilisés, la purification de l'eau après les processus de teinture ou de la teinture sans eau, l'arrêt de l'utilisation d'emballages en plastique et le maintien de pratiques sûres et éthiques sur le lieu de travail, ainsi qu’une transparence effective des chaînes d’approvisionnement afin de mettre un terme aux ateliers d’exploitation de main d’oeuvre humaine.
Le développement de technologies vertes comme la biologie de synthèse serait une solution pour l’industrie de la mode dans son objectif de mode durable, à l’instar de la culture de bactéries ou de champignons fabriquant ou biodégradant des tissus et de l’impression 3D. Les designers pourraient confectionner des vêtements à partir de flux de déchets et de matériaux recyclables afin de tendre vers une économie circulaire.
Concernant le consommateur, dans le dessein de réduire le gaspillage, il est conseillé de réparer, donner ou revendre les vieux vêtements au lieu de les jeter et de laver ses vêtements à la main — si possible — pour éviter un excès de micro-fibres plastiques venant se déverser dans les océans par le bais des machines à laver. En outre, il est suggéré d’acheter des habits en tissu biologique fabriqués zéro déchet et dont la méthode de fabrication respecte une certaine éthique au lieu d’acheter des vêtements de fast-fashion rendant inefficace ces initiatives de durabilité.