Le projet Cigéo est une initiative française de création d’un centre de stockage profond des déchets radioactifs. Ce centre permettrait de stocker les déchets considérés comme hautement radioactifs et à durée de vie longue qui ont pu être produits par les installations nucléaires actuelles jusqu’à leur démantèlement. Le problème de la production d’électricité d’origine nucléaire, est qu’elle produit des déchets radioactifs dont certains d’entre eux ne peuvent être stockés en surface ou à faible profondeur à cause de leur radioactivité élevée. Ce projet a donc pour but de protéger à la fois l’homme et l’environnement des dangers de ces déchets.

Ce centre Cigéo serait implanté en Haute-Marne et composé d’une zone souterraine et d’une zone à la surface afin de faire des liaisons avec le souterrain. Les déchets seraient stockés plus de 100 ans de manière progressive et confinée sans besoin d’actions de l’homme.

L’autorité environnementale a rendu le 18 janvier 2021 un avis plutôt critique sur le projet Cigéo. En effet, avant toute création de ce centre, le groupe doit préalablement faire une demande de déclaration d’utilité publique ainsi qu’une autorisation de création. La déclaration d’utilité publique (dite « DUP ») est une procédure administrative qui permet de réaliser une opération d’aménagement sur des terrains privés en les expropriant pour cause d’utilité publique. La DUP est obtenue à la suite d’une enquête pour utilité publique lancée par le préfet et visant à recueillir l’avis de toutes les personnes intéressées ou encore de réaliser une étude d’impact.

L’agence Nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) a donc déposé un dossier de déclaration d’utilité publique en aout 2020 afin d’acquérir les terrains nécessaires à la création du centre Cigéo. C’est ce dossier qui a fait l’objet d’un avis critique sur plusieurs points, de la part de l’autorité environnementale.

Dans un premier temps, concernant la durée de stockage. Malgré la durée de stockage prévue d’un siècle, il est reproché au projet une gestion des déchets à trop court terme comparé à la très longue durée de vie et de la haute nocivité des déchets.

Ensuite, il est reproché au projet de ne pas évoquer les probables situations d’accidents qui pourraient se produire et encore plus au vu de la dangerosité de ce genre de techniques. A titre d’exemple, un incendie d’origine accidentel en 2003 dans l’entreprise Stcocamine, spécialisée dans les mines de potasse dans le Haut-Rhin, a provoqué le blocage sous terre près de 50.000 tonnes de déchets toxiques. Cet exemple prouve donc que les accidents se produisent et ont des conséquences qui peuvent être dramatiques. De plus, le projet évoque une possible « réversibilité » du stockage. Néanmoins, l’autorité environnementale souligne que le projet évoque cette possibilité mais n’en expose aucune étude afin de la mettre en œuvre. Il serait préférable selon l’autorité environnementale de faire des essais « grandeur nature » de cette possibilité. Enfin concernant les risques, une question est préoccupante : celle de l’impact sur la population voisine au projet. Mêmes si les risques sont limités, l’aléa reste toujours présent, aucune étude n’a été effectué, par exemple sur une possible fuite ou panne dans le traitement des eaux, qui pourrait directement affecter la population. Il est donc grandement reproché à l’ANDRA de n’avoir fait aucune évaluation des risques sanitaires.

Enfin, l’aspect environnemental est aussi mis en lumière. En effet, les installations du projet s’étendraient sur plusieurs hectares et notamment dans le Bois Lejuc qui a été occupé par des opposants au projet. Étant précisé que le bois Lejuc fait partie de la Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) qui est un espace naturel inventorié en raison de son caractère remarquable. L’autorité reproche donc une absence de prise en compte des impacts environnementaux et de la protection de la biodiversité dans ce projet qui toucherait « un réservoir de biodiversité » avec la présence d’animaux rares tels que le putois d’Europe, ou encore le chat sauvage. Selon l’autorité environnementale, l’ANDRA dans son dossier a donc largement minimisé la richesse environnementale de cette zone qui compte pas moins de 200.000 oiseaux d’espèces différentes, plus de soixante espaces naturels sensibles, de nombreux étangs etc.

A la suite de cet avis rendu par l’autorité environnementale, une réponse probable devrait arriver de la part de l’ANDRA. Il faut préciser que différents avis ont été rendus pour cette déclaration d’utilité publique, et qu’il est prévu courant 2021 qu’une enquête d’utilité publique s’ouvre. Néanmoins, il semble peu envisageable malgré les critiques que ce projet soit abandonné, d’autant plus que plusieurs constructions et travaux ont déjà débutés et que les recherches pour ce projet ont débutés il y a plus de 20 ans.