Une nouvelle enquête de deux ONG a révélé que l'Union européenne fabrique et exporte des milliers de tonnes de pesticides interdits sur son territoire.
Au total, 80 000 tonnes de pesticides ont ainsi été livrées, à 85 %, à des pays émergents ou en développement. La France, elle, en a exporté plus de 7 600 tonnes mais devrait mettre fin à ce commerce en 2022.

Selon cette enquête menée par Greenpeace UK et Public Eye, en 2018, les pays membres de l’Union européenne ont exporté plus de 80 000 tonnes de pesticides contenant pourtant des substances interdites dans la zone euro en raison de risques environnementaux ou sanitaires.

Parmi les substances les plus exportées, on trouve le paraquat, un herbicide utilisé dans les monocultures de maïs, de soja ou de coton et soupçonné de lien avec la maladie de Parkinson. L'Union européenne l'’a interdit sur son territoire en 2017. Or l’Union européenne en a fabriqué et exporté plus de 28 000 tonnes en 2018. Ce pesticide représente à lui seul un tiers des volumes exporté. 

Avec 15 000 tonnes exportées, le dichloropropène est le deuxième pesticide le plus exporté. Classé cancérogène probable, utilisé dans la culture de légumes, l'Union européenne l'a interdit en 2007.

Enfin, la cyanamide, un régulateur de croissance utilisé dans la vigne et la culture de fruits, interdit dans l’UE depuis 2008, arrive en troisième position.

Selon cette enquête, une trentaine de sociétés sont impliquées dans ces exportations. À commencer par Syngenta, le plus gros exportateur de pesticides interdits dans l’UE. C'est aussi le cas de la multinationale Corteva qui produit notamment le paraquat et l’atrazine, de l’allemand Bayer et, pour finir, de plus petites entreprises comme l’italienne Finchimica.
Ces ONG révèlent que, "41 pesticides interdits ont été annoncés à l’exportation depuis l’UE en 2018. Les risques sanitaires ou environnementaux associés à ces substances sont dramatiques : mortels en cas d’inhalation, malformations congénitales, troubles de la reproduction ou du système hormonal, cancer, contamination des sources d’eau potable, toxicité pour les écosystèmes.

Cette étude révèle que des puissances européennes déversent ainsi des pesticides dans 85 pays, dont les trois quarts sont des pays en développement ou émergents (Afrique du Sud, Brésil, Maroc, Mexique..).
Le Royaume-Uni exporte par exemple plus de 30 000 tonnes de pesticides interdits. Loin derrière, se trouvent l’Italie avec 9 500 tonnes et l’Allemagne avec 8 100 tonnes. La France occupe la cinquième place du classement.

Les ONG soulignent dans cette enquête "Ironie de l’histoire : les principaux pays qui nourrissent l’UE en produits agricoles importés (les États-Unis, le Brésil et l’Ukraine) font partie des destinations privilégiées des exportations de pesticides interdits depuis l’UE. Ces substances indésirables se retrouvent ensuite bien souvent dans l’assiette des consommateurs européens sous forme de résidus".
Public Eye et Greenpeace UK expliquent que "plus l’Union européenne retire de nouvelles substances dangereuses du marché, plus les exportations augmentent".
En France, ces exportations devraient cesser en 2022, date à laquelle l’interdiction de la production, du stockage et de la vente de produits phytopharmaceutiques destinés à des pays tiers et contenant des substances prohibées par l'Union européenne a été fixée.