Une enquête sanitaire lancée auprès des personnes exposées:

L'Agence Nationale Santé Publique France avait lancé une enquête sanitaire auprès de 5 000 personnes exposées fin septembre 2019, au panache des incendies des usines Lubrizol et Normandie Logistique, à Rouen (Seine-Maritime). Il s’agissait entre autres de recueillir « des informations sur leur perception de cette catastrophe industrielle et de leur exposition aux nuisances et pollutions qu'elle a générées, sur les symptômes et problèmes de santé ayant pu être ressentis pendant l'accident et dans ses suites, ainsi que sur leur état de santé actuel ».
En complément de cette enquête, le dispositif prévoit une analyse d'indicateurs de santé (tels que la fréquence de certains cancers, les maladies chroniques, les grossesses), et un suivi spécifique des travailleurs. Enfin, des prélèvements sanguins et d'urines de la population exposée pourront être menés par Santé publique France, en fonction des résultats des analyses des polluants présents dans l'environnement (métaux, dioxines, furanes, etc.).
À Rouen, près du site de Lubrizol, les habitants se plaignent toujours d'odeurs désagréables, un an après l'incendie qui a ravagé l'usine classée Seveso. Bien qu'elles soient aujourd'hui moins récurrentes, ces odeurs partagent le quotidien des habitants d'une partie de l'agglomération rouennaise depuis près d'un an maintenant.

Quid de la Production agricole ?

Ils sont plus de 3000 agriculteurs dans 120 communes de Seine-Maritime à avoir subi les conséquences de l'incendie de Lubrizol. Des retombées du nuage dans les champs, une production à jeter pendant trois semaines. Un an après, le traumatisme est toujours très présent.
L'incendie qui s'est produit dans l'usine Lubrizol le 26 septembre, avait conduit le ministère à suspendre la commercialisation de l'ensemble des production agricoles dans une zone couvrant 216 communes dans cinq départements. « Un peu plus de 3 000 agriculteurs ont été potentiellement concernés car ayant une parcelle dans la zone de restriction, dont 425 éleveurs laitiers ».
Par exemple, le lait produit pendant la période de restriction a été payé aux éleveurs grâce aux avances du Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (Cniel). Celui-ci sera directement remboursé par Lubrizol, indique le ministère. Les indemnisations doivent suivre pour les autres productions. Il s’agit ici de veiller à ce que « l'ensemble des agriculteurs ayant subi les conséquences de l'incendie soit indemnisé rapidement, et au juste prix ». « Il appartiendra à Lubrizol de prendre à sa charge l'ensemble des conséquences des événements qui sont intervenus depuis son site. C'est le principe du pollueur payeur ».

De nos jours, où en est l’enquête ?

-Sur le plan judiciaire :
Une information judiciaire ouverte contre X a rapidement été confiée à trois juges d'instruction du pôle santé publique et environnement du parquet de Paris, pour ces chefs d’accusation: "destruction involontaire par incendie due à la violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence", "blessures involontaires ayant entraîné une incapacité inférieure ou égale à 3 mois par manquement délibéré à une obligation de prudence", "mise en danger de la vie d’autrui par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence" et "exploitation d’une installation classée sans respect des règles générales et prescriptions techniques".
Le parquet de Paris avait annoncé en février la mise en examen de la société Lubrizol et le placement de sa voisine Normandie Logistique sous statut de témoin assisté. Cette dernière avait porté plainte contre X pour violation du secret de l'instruction suite à un article du journal Le Monde paru en mai. Le quotidien affirmait, après avoir eu accès au dossier d'instruction, que le feu aurait pu trouver son origine dans deux radiateurs électriques d'un vestiaire du logisticien. Mais, depuis, rien n'a filtré du pôle santé publique du tribunal de Paris en charge de l'enquête.

-Sur le plan administratif :
Des missions d'inspections réalisées par des hauts fonctionnaires ont été menées. La première avait révélé la présence de produits inflammables stockés dans de grands récipients pour vrac en plastique à l'extérieur des bâtiments de Lubrizol le jour du sinistre. Aucun des scénarios d'accidents identifiés par la mission n'avaient été pris en compte dans les études de dangers réalisées par Lubrizol. Les travaux de cette mission ont également permis de mettre en lumière les carences des services de l'État dans le contrôle des installations impliquées dans l'incendie. La deuxième mission portait sur la gestion de crise.


À ce jour, plusieurs plaintes ont été déposées. Et les habitants sont toujours dans l'attente de réponses sur la dangerosité des produits qui ont brûlé dans l'usine, et dégager pendant plusieurs jours une épaisse fumée noire.