La centrale nucléaire EDF située à Gravelines représente la plus grande centrale nucléaire d'Europe. Celle-ci vient de faire l'objet d'une mise en demeure émanant de l'Autorité de sûreté nucléaire dans le cadre de sa décision rendue publique en date du 10 juin 2020. Cette dernière ordonne à la centrale nucléaire de Gravelines, située dans le département du Nord, de se conformer aux règles de protection contre le risque d'explosion d'origine externe pouvant perturber le fonctionnement de cinq de ses six réacteurs.

L'autorité de sûreté nucléaire est le gendarme du nucléaire. Elle assure, en tant qu'autorité administrative et au nom de l'Etat, les missions de contrôle de la sûreté nucléaire, de la radioprotection en France et de l'information des citoyens "pour protéger les travailleurs, les patients le public et l'environnement des risques liés aux activités nucléaires".

La justification principale de la mise en demeure réside dans les risques en cas d'accident au terminal gazier de Dunkerque, voisin de la centrale nucléaire.

Quelques mois plus tôt, le 11 février 2020, EDF a informé l'ASN de la détection d'un écart affectant les moteurs des tambours filtrants de la source froide des six réacteurs de la centrale nucléaire de Gravelines. Dans l'hypothèse d'une explosion à proximité, cet écart pourrait entraîner la perte des moyens de refroidissement à long terme du combustible des six réacteurs de la centrale nucléaire de Gravelines. Or, ces moyens de refroidissement sont indispensables puisqu'ils permettent d'éviter une "surchauffe" dangereuse des installations.

Cet écart constitue un manquement au regard des dispositions des décrets d'autorisation de création des réacteurs de la centrale nucléaire de Gravelines et de la décision relative à la maîtrise des risques liés au terminal méthanier de Dunkerque rendue par l'ASN en date du 20 août 2015.

En réaction à cet écart constaté, EDF a modifié ses installations pour le réacteur 5 et s'est engagé à réaliser des travaux pour les cinq autres réacteurs de la centrale avant le 31 octobre 2020. Dans l'attente de la réalisation des travaux, des mesures compensatoires ont été prises. Elles consistent en la mobilisation d'urgence de réservoirs d'eau de secours. De plus, en cas d'incident, du matériel pourra être acheminé depuis d'autres centrales dans un délai de 24h.

Cependant, l'ASN a décidé d'encadrer ces mesures dans le cadre d'une mise en demeure afin de s'assurer du respect des échéances fixées pour les réaliser.

Cette mise en demeure d'EDF par l'ASN n'est toutefois pas surprenante. En effet, dans son dernier rapport annuel, elle classe la centrale comme "en retrait" sur un ou plusieurs sujets liés à la sûreté. Précisément, le rapport souligne une "dégradation des résultats en matière de fiabilisation des pratiques" et note que "l'exploitant doit également rester vigilant sur la disponibilité des systèmes attachés à la fonction de refroidissement".