Afin de limiter le déclin massif de la biodiversité, la Politique Agricole Commune (PAC) est en première ligne. Pourtant, dans un rapport spécial dit "Biodiversité des terres agricoles : la contribution de la PAC n'a pas permis d'enrayer le déclin" publié vendredi 5 juin 2020, la Cour des comptes européennes affirme que la PAC n'a pas eu l'effet escompté sur la préservation de la biodiversité. Elle ajoute également que l'évaluation des dépenses en la matière par la Commission n'est "pas fiable".

La Politique Agricole Commune est une politique mise en place à l'échelle de l'Union européenne depuis le traité de Rome du 25 mars 1957 et entrée en vigueur le 30 juillet 1962. Il s'agit d'un système de régulation et de subvention pour augmenter les rendements agricoles tout en maintenant les revenus des exploitants. Par ailleurs, il incombe à la PAC de contribuer à la protection de l'environnement, et particulièrement préserver la biodiversité.

Le rapport de la Cour des comptes européenne souligne que "l'agriculture intensive reste l'une des principales causes de la perte de la biodiversité". A ce titre, 30% des populations d'oiseaux des champs et de papillons de prairies ont diminué dans l'Union européenne depuis 1990.

Malgré 86 milliards d'euros dont 66 milliards d'euros provenant de la PAC consacrée à la protection de la biodiversité sur la période 2014-2020 par la Commission européenne, il n'y a pas eu d'amélioration mesurable de la biodiversité. En effet, la majeure partie du budget reste destinée à des subventions proportionnelles à la surface cultivée, sans exigences minimales en matière de protection de la nature.

Dans sa conclusion, le rapport formule plusieurs recommandations à la Commission européenne afin de permettre d'enrayer le déclin de la biodiversité :

- "envisager de lier plus étroitement le niveau de cofinancement de différentes mesures à l'évaluation de leur impact sur la biodiversité"
- "élaborer des indicateurs fiables de la biodiversité des terres agricoles qui permettent d'évaluer les incidences positives et négatives des instruments de la PAC"
- "définir, conjointement avec les Etats membres, des actions concrètes et mesurables, à mettre en oeuvre pour une échéance donnée (...) en faveur de la biodiversité pour l'après-2020"

La PAC post-2020, actuellement en cours de négociation au niveau du Parlement européen et des Etats membres, devrait afficher une amélioration considérable de l'ambition environnementale si l'on s'en tient aux deux stratégies européennes "biodiversité" et "de la ferme à la table" publiées récemment par la Commission européenne.