Le glyphosate est une molécule chimique, un principe actif du désherbant le plus vendu au monde et commercialisé sous la marque Roundup par la firme américaine Monsanto depuis 1974. Le brevet étant tombé dans le domaine public depuis 2000, le glyphosate est désormais aussi utilisé dans la composition de la plupart des désherbants.
Ses propriétés, sa simplicité d'utilisation et son coût modique (2€ le litre) expliquent que l’agriculture mondiale soit devenue dépendante de ce type de désherbant. Difficile de faire plus simple pour se débarrasser des “mauvaises herbes”, en un seul passage, sans travail du sol : en termes de coût comme de temps de travail, la rentabilité économique du glyphosate est imbattable.
Mais ce produit aussi efficace que rentable, n’est pas sans conséquence sur la santé humaine. Le glyphosate a longtemps été suspecté d’être source de cancer et le Centre International de Recherche sur le Cancer (organe de l'OMS, Organisation Mondiale de la Santé) l’a classé comme "cancérogène probable" en mai 2015. Sa toxicité a même été mesurée sur la faune, la flore et l’environnement et l’on a obtenu que des conséquences négatives .
Jusqu’alors maintenu pour des raisons financières, d’éthique et de duré, l’Etat a finalement mis en place un plan de sortie du glyphosate du milieu agricole d’ici 2021.
Malgré cette décision qui semble la plus « noble », des craintes subsistent quant à l’impact de ce retrait sur l’économie. En effet, des solutions alternatives et les impacts économiques pour chaque filière sont étudiés afin d'éclairer les décisions du Gouvernement. L’un des secteurs qui semble le plus touché serait celui de la viticulture. A l’issu de l’une des études de l’Institut national de la recherche agronomique et de l'environnement ( INRAE) publiée en 2017, les viticulteurs utiliseraient de 400 à 1 000 g de glyphosate par hectare. Mais aujourd’hui, « 80 % des superficies viticoles reçoivent au moins un traitement herbicide chimique. Le glyphosate est l'herbicide le plus utilisé en viticulture, il concerne 75 % des surfaces qui utilisent un herbicide ».
Dans le cadre de proposition de solutions alternatives, l’INRAE souligne qu’« il faut distinguer la gestion de l'inter-rang et celle du rang. La zone la plus difficile à gérer sans herbicide est le rang ». C'est pourquoi une majorité de viticulteurs opte pour un mode de gestion mixte : désherbage mécanique et/ou enherbement avec tonte en inter-rang, herbicide pour le désherbage des rangs. Non seulement le désherbage mécanique parait difficile à pratiquer mais aussi très coûteux toujours selon les rapports de l’INRAE qui affirme qu’« en intégrant l'amortissement du matériel dans le coût, on obtient un surcoût moyen entre chimique et mécanique de 210 €/ha pour les vignes larges et de 408 €/ha pour les vignes étroites ». Finalement, plus les exploitations sont petites, plus l'amortissement pèse dans les budgets. Dans la plupart des bassins viticoles, le surcoût représente moins de 5 % du bénéfice brut, autour de 7,5 % en Val-de-Loire et Languedoc-Roussillon et 11,5 % en Alsace.
Cette analyse de l’INRAE sur le projet d’abandon du glyphosate en milieu agricole au profit d’autres moyens de désherbage, révèle les difficultés d’aboutissement d’un tel projet au vu des conséquences susceptibles de se produire.