Après un vote des Etats membres en date du 6 décembre 2019, la Commission européenne a annoncé l'interdiction du chlorpyrifos et du chlorpyrifos-méthyl dans l'Union européenne à partir de 2020. Les Etats membres ont en effet décidé de ne pas renouveler l'autorisation de la commercialisation de cet insecticide controversé qui arrivait à échéance le 31 janvier 2020.

Ce pesticide, et plus précisément insecticide, est utilisé dans les cultures de fruits et légumes. A noter que les produits contenant du chlorpyrifos étaient déjà interdits dans 8 pays de l'Union européenne. Depuis 2016, la France ne permet plus qu’une exception pour les épinards. Désormais, l'interdiction sera totale.

Ce vote fait suite à une évaluation de l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) qui avait déclaré au cours du mois d'août dernier que ce pesticide présentait "des risques pour la santé humaine" et qu'il pouvait entraîner des effets génotoxiques.

Les scientifiques ont pu démontrer qu'une exposition au chlorpyrifos, même à faible dose pendant la grossesse et au cours des premières années de la vie provoque d’importants retards de développement, un risque accru d'autisme, une perte de mémoire de travail, des déficits de quotient intellectuel (QI) allant jusqu’à sept points ou encore des troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. L'ONG Générations futures précise que les enfants étaient particulièrement à risque, leur cerveau étant encore en développement.

La Commission européenne souligne que les Etats membres devront interdire l'ensemble des produits contenant du chlorpyrifos au niveau national, cette action relevant de leur compétence. Toutefois, la Commission européenne laisse la possibilité aux Etats membres d'accorder un "délai de grâce" d'une durée de trois mois afin d'apurer les stocks. La Commission prend en effet en compte les intérêts des Etats membres mais aussi des agriculteurs. Une fois cette réglementation mise en place, les produits contenant du chlorpyrifos ne pourront plus ni être mis sur le marché ni être utilisés dans l’UE.

Les différentes ONG n'ont pas manqué de réagir et saluent "une victoire pour les générations futures". Face à l'appétit féroce des multinationales, l'Europe a ainsi démontré qu'elle était disposée à affirmer son autorité et à protéger l'ensemble de ses citoyens.

Certains regrettent cependant une prise de conscience tardive en raison d'autorisations de l'usage de ce pesticide délivrées sur le fondement de conclusions erronées tirées d’études financées par l’industrie. Or, cette décision de non-renouvellement de l'usage de ce pesticide aurait pu être prise bien plus tôt si des données et conclusions pertinentes avaient été rapportées.