Seyni Nafo, diplomate malien, évoque depuis 2011 le manque de moyens mis en place face aux changements climatiques impactant l’Afrique. La 25e conférence de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (COP25) ayant débuté à Madrid ce lundi 2 décembre, va être l’occasion pour ce dernier de renforcer sa position et de s’exprimer en faveur de ce continent.

Des sujets, tels que le financement des pertes et préjudices dues aux catastrophes naturelles, attendent des réponses claires à l’occasion de cette nouvelle COP.
Le principe d’un mécanisme de soutien a été acté il y a cinq ans, mais les discussions se poursuivent sans qu’aucune conséquence ne soit perçue sur le terrain.
Face aux sécheresses et inondations auxquels est confrontée l’Afrique, des outils d’assurances avaient été proposés par les pays développés, afin de contrer l’impact humain et économique de ces catastrophes. Cependant, l’assurance n’est pas en mesure de convenir, du moins à long terme, à ces crises. Car ces outils sont adaptés aux risques dont la probabilité de survenir est faible. Or les événements climatiques extrêmes se multiplient et leur facture s’alourdit.
En conséquence, soit les pays vont d’endetter à causes des primes qu’ils devront verser aux assurances qui s’alourdiront inexorablement, soir les compagnies d’assurances seront-elles mêmes dépassées par les évènements et par le coût des dommages à couvrir impliquant une faillite de ces dernières.
Il est donc indispensable que la COP25 apporte de nouvelles solutions face à ces dangers aussi destructeurs qu’inévitables.
D’autre part, le rôle des marchés du carbone dans la limitation de la hausse des émissions de gaz à effet de serre est à surveiller scrupuleusement. En effet, ces mécanismes de marché consistent à garantir qu’une tonne de CO₂ vendue correspond à une tonne de CO₂ réduite. L’Afrique demande alors que soit introduit un prélèvement systématique sur tous les mécanismes de marché pour financer des mesures d’adaptation, comme cela était prévu par le protocole de Kyoto.
Le retrait des Etats-Unis n’a fait qu’aggraver les choses. Cela s’est traduit notamment par une reconstitution du Fonds vert pour le climat très en dessous des besoins. Le Fonds vert dispose aujourd’hui de moins d’argent qu’en 2014, alors que l’urgence climatique est décrétée partout. Moins de 10 milliards de dollars pour 136 pays en développement. Bien que plusieurs pays européens aient fait des efforts en doublant leur contribution, cela reste insuffisant.
D’autant plus que pour bénéficier du Fonds vert, il faut être en mesure de concevoir des projets d’envergure, de les programmer dans le temps, de maîtriser différents instruments financiers… Cela nécessite une certaine expérience et la plupart des institutions financières africaines ne l’ont pas.