Bon nombre d'écoles maternelles et élémentaires françaises sont susceptibles de présenter des risques pour la santé liés à la présence d'amiante. Les DTA (dossiers techniques amiante) pourtant obligatoires depuis 2005 pour tout immeuble dont le permis de construire a été délivré avant le 01/07/97, année de l'interdiction de l'amiante en France sont pour la plupart inexistants, incomplets ou inaccessibles; ce qui constitue un vrai danger pour la sécurité et la santé des élèves comme des personnels.

Les chiffres de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) indiquent qu’il reste au moins 15 millions de tonnes de matériaux contenant de l'amiante contaminent les bâtiments français. L'amiante est partout et sa classification par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) en tant que cancérogène pour l’homme depuis 1973 inquiète les parents d’élèves et enseignants qui vont jusqu'à exercer leur droit de retrait.

En effet, il y a deux années, une enquête menée par les ISST (Inspecteurs Santé et Sécurité au Travail) sur un échantillon de 175 écoles publiques du premier degré visitées révèle que la loi n'est pas appliquée.
Dans la majorité des cas, ces écoles maternelles et élémentaires ont été construites avant 1997, ce qui les rend susceptibles d'abriter des matériaux et produits contenants de l'amiante.

Depuis les années 1980, l'Etat a engagé une opération de décentralisation des compétences qui renforce le poids des collectivités territoriales. Ainsi donc, les collectivités territoriales, propriétaires de ces bâtiments ont une contrainte légale d'établir pour chacune d'elles un DTA (document obligatoire destiné à organiser la prévention contre les risques liés à l’amiante et réalisé par un organisme certifié). Mais, le constat est que près de la moitié (46%) des écoles visitées n’en disposaient pas et que, dans les cas où ils existaient, leur qualité laissait à désirer. Aussi, la mise à jour obligatoire des DTA n'était prévue que par 9% des propriétaires des locaux. Quant à la fiche récapitulative du DTA, moins de la moitié des écoles y avaient accès et pouvaient consulter, alors que la loi dispose qu'elle doit être tenue à jour et transmise aux occupants de l’immeuble bâti dans un délai d’un mois après sa constitution ou sa mise à jour. Conséquence de tous ces manquements, qui représentent un véritable risque pour la santé des élèves et des personnels scolaires, les agents de collectivités sont «très peu informés des risques amiante ». Les inspecteurs relèvent aussi une absence de surveillance médicale des enseignants exposés dans 90% des écoles étudiées. Au-delà des manquements en termes de suivi, de diagnostic et de mise à jour des documents obligatoires, quant à l’amiante, par les collectivités, directrices et directeurs d'école se sont montrés plutôt avares en informations lorsqu'ils en disposaient. Seuls 28% d'entre eux communiquent la fiche récapitulative sur les risques d'exposition à l'amiante à leurs enseignants et seulement 13% le font au conseil d'école et aux agents de la collectivité. Une attitude qui constitue clairement un «défaut de transparence préjudiciable à l'appréciation et à l'évaluation du risque d'exposition passive à l'amiante ».

Hormis les écoles publiques du premier degré, plus de la moitié des collèges (70%) sont aussi concernés par des matériaux amiantés selon le Directeur de la cellule "bâti scolaire" du CHSCT du ministère de l'éducation nationale.

L'AEME nous renseigne que l'amiante est responsable de plus en plus de cancers spécifiques appelés mésothéliomes pleuraux, pour lesquels la médiane de survie après diagnostic est de treize mois. A l’horizon 2025, ces maladies auront causé près de 100.000 morts en France selon un rapport d’information parlementaire remis en 2005.

Interpellé à l’Assemblée Nationale sur la question de l’amiante dans les écoles le 19 Novembre dernier, le Ministre de l’éducation nationale par la voix de son secrétaire d’Etat, a promis la transparence sur le fonctionnement de la cellule "bâti scolaire" dans les périodes à venir.