Au total, 550 tonnes de déchets toxiques, dérivés du pétrole, ont été déversées autour d'Abidjan par une société de négoce peu regardante, Trafigura, et une entreprise de retraitement véreuse, Tommy.
Le bilan était de 17 morts, 34 400 empoisonnements, et probablement des dizaines de milliers d'autres cas non officiels.

En 2007, la société Trafigura engage des négociations avec le gouvernement ivoirien. Ces négociations vont déboucher sur un accord dans lequel la société Trafigura s’est engagée à verser une somme de 152 millions d'euros pour nettoyer les sites et indemniser les victimes contre l'abandon des poursuites par Abidjan. Cet accord est venu balayer toutes les actions déjà entamées par les victimes pour obtenir réparation des préjudices qu’ils ont subis. Malheureusement pour les victimes, le partage des fonds ne s’est pas fait comme il se devait. Des centaines de victimes n’ont pu être dédommagés.

Or, comme indiqué précédemment, cet accord ne rendait plus possible d’autres actions contre la société Trafigura en Côte d’Ivoire. On s’interrogera toujours sur les réelles motivations du gouvernement ivoirien à l’époque qui s’est contre toute attente, auto-proclamé représentant des victimes. Le moins qu’on puisse dire aujourd’hui, c’est que cette décision de faire office de « mandataire » a été inopportune et infructueuse.

Cela va donner lieu à une autre instance en 2009 au Royaume-Uni. En effet, le Cabinet d’avocats Leigh Day & Co, représentant environ 30 000 victimes, a lancé une action de groupe. Finalement le procès n’a pas eu lieu mais un accord a été passé entre Trafigura et les victimes. Cet accord prévoyait le versement de 30 millions d’euros à l’ensemble des victimes. Cet énième accord n’a lui aussi pas été correctement appliqué par le cabinet d’Avocat.

En outre, un procès s’est tenu à Amsterdam. Celui-ci concernait l’exportation de déchets toxiques hors des Pays-Bas, ce qui est interdit par la convention de Bâle sur les déchets dangereux. La société Trafigura a été condamnée à une amende de plus d’un million d’euros mais dans ce procès, les juges se sont bornés à analyser le caractère illégal de l’exportation des déchets sans se pencher sur la pollution causée à Abidjan et la réparation du préjudice subi par les victimes.

En définitive, nous pouvons retenir que les montants fixés dans les différents accords sont dérisoires eu égard aux dommages causés aux victimes. On peut également déplorer l’immixtion démesurée du gouvernement ivoirien dans cette affaire qui est inéluctablement l’une des causes fondamentales de la non condamnation de Trafigura. Un accent particulier doit être mis aujourd'hui sur l’effectivité de la décontamination des sites pollués.