Quand on parle de l’énergie nucléaire, il est difficile de passer à côté des risques qu’un tel moyen de production engendre. Tout le monde se souvient de la catastrophe nucléaire du 11 mars 2011 à Fukushima conduisant à l’évacuation de 100 000 personnes autour de la centrale. Huit ans après l’accident, les noyaux endommagés suite au tsunami ne sont toujours pas stabilisés. Le gouvernement japonais envisagerait de procéder à son démantèlement.


Pour éviter l’aggravation de la catastrophe et la fusion des noyaux qui auraient des conséquences pareilles à Tchernobyl, de l’eau douce est envoyée continuellement sur les noyaux pour les refroidir. Depuis la catastrophe, et jusqu’à aujourd’hui, plus d’un million de mètres cubes d’eau ont été déversés. Celle-ci devient par la suite radioactive à son tour. Dans un premier temps, des cuves ont été mises en place pour récupérer l’eau servant à refroidir les réacteurs mais celles-ci présentaient des problèmes d’étanchéité. TEPCO (l’exploitant nucléaire) doit, depuis qu’il a découvert que les cuves et les enceintes de confinement n’étaient plus étanches, pomper en permanence l’eau qui s’écoulait et se mélangeait aux eaux souterraines, en amont et en aval du site. Pour réduire les quantités d’eau utilisées, le gouvernement japonais a procédé au gel d’une partie des sols grâce à un réseau de refroidissement souterrain long de 1,5 kilomètre afin d’empêcher les eaux souterraines d’atteindre les bâtiments des réacteurs endommagés.


L’exploitant du site nucléaire ne sait pas comment se débarrasser de ces millions de mètres cubes d’eau, ils sont donc stockés dans de grandes citernes pour l’instant. De plus, le manque de place commence à poser problème, et certains réfléchiraient à l’option de se débarrasser de l’eau en la rejetant dans la mer. Le ministre japonais de l’Environnement a présenté comme inévitable cette option. Il a été rapidement démenti par le porte-parole du gouvernement japonais à savoir que l’idée envisagé par le ministre de l’Environnement était un « simple avis » de sa part. En 2016, une commission d’experts, mandatée par le cabinet du ministre de l’industrie japonais, avait calculé que la solution la moins longue et la moins onéreuse, pour retraiter une telle quantité d’eau irradiée, était de stocker l’eau et de la remettre dans la mer après dilution au bout d’environ 7 ans et demi. Le coût du stockage et du retraitement de l’eau a été estimé à près de 3,4 milliards de yens soit 28 millions d’euros. Toutefois, avant de rejeter l’eau contaminée à la mer, elle devra respecter les standards internationaux au niveau du taux de contamination. Pour l’heure, le taux de radionucléides n’est pas conforme aux standards internationaux ce qui sursoit au déversement dans la mer de ces eaux polluées. En octobre 2018, la société TEPCO a avoué que 80% de l’eau stockée ne respectait pas encore les normes permettant le rejet à la mer, car les techniques de filtration de l’eau et de retraitement ne permettraient pas, à ce jour, de retirer certains éléments radioactifs dangereux.


Les eaux contaminées font parties de la classification créée par l’ANDRA basée sur deux paramètres que sont le niveau de radioactivité (très faible, faible, moyen, élevé) et la durée de vie (inférieure à 31 ans, supérieur à 31 ans). Ces deux paramètres permettent de dégager 6 catégories :
- Vie très courte
- Très faible activité
- Faible et moyenne activité à vie courte
- Faible activité à vie longue
- Moyenne activité à vie longue
- Haute activité


Pour le moment, ces eaux représentent la plus grande source de déchets radioactifs. Cependant si l’option du démantèlement venait à se concrétiser, les déchets s’accumuleraient. Dans cette optique il est prévu un coût annuel de 220 milliards de yen supplémentaire pour couvrir les frais de démantèlement. La moitié de la somme servira à la décontamination de l’eau des piscines de refroidissement. Une autre partie de la somme devrait être alloué à la recherche d’un moyen de traiter les cœurs de la centrale ayant fondu, et qui reste l’enjeu majeur pour le démantèlement de la centrale. Le coût global du démantèlement a été revu à la hausse et dépasserait les 8 000 milliards de yens (soit 60 milliards d’euros). Enfin l’impact total estimé par le gouvernement serait de 21 500 milliards de yens.


Pour conclure sur la gestion des déchets de Fukushima 8 ans après, le démantèlement, n’ayant pas encore commencé puisque les réacteurs endommagés ne peuvent être traités, le plus gros des déchets reste et restera, pendant quelques, années l’eau servant au refroidissement de ces réacteurs. Mais un problème venant après l’autre, TEPCO prévoit que sa capacité de stockage de l’eau contaminée sera atteinte en 2022, ce qui ajouterait des dépenses supplémentaires au coût de la catastrophe nucléaire.