Elle réitère ses conclusions rendues, le 15 janvier 2019, dans son avis analysant la toxicité de ces produits. L'Anses s'était autosaisie, après qu'un collectif de scientifiques ait alerté, en avril 2018, sur les risques potentiels pour la santé humaine de l'usage de ces fongicides en agriculture. Ils sont utilisés pour lutter contre certains champignons et moisissures qui affectent les cultures. Les SDHI empêchent leur développement en bloquant une enzyme impliquée dans la respiration cellulaire, la succinate déshydrogénase (SDH). A ce jour, onze substances actives de cette famille entrent dans la composition de produits phytopharmaceutiques autorisés en France.

Le groupe d'experts indépendants, réuni par l'Anses, a examiné "l'ensemble des données scientifiques actuellement disponibles". L'ensemble de ces travaux "n'a pas apporté d'éléments en faveur de l'existence d'une alerte pour la santé humaine et l'environnement en lien avec les usages agricoles de ces fongicides".

Le niveau des expositions alimentaires "s'avère faible" au regard des seuils toxicologiques, explique l'Anses. De plus, ces substances, dont "aucune n'est classée cancérigène avérée ou présumée dans la réglementation européenne, sont rapidement métabolisées et éliminées chez l'Homme". Par ailleurs, dans les sources consultées, aucune donnée ne suggère que l'incidence des cancers, "notamment ceux associés au déficit héréditaire en SDH, ait augmenté avec la commercialisation des fongicides SDHI, chez les agriculteurs notamment". De même, il n'existe pas de données indiquant un impact de ces fongicides sur des organismes dans l'environnement.

Dès 2018, l'Anses rappelle qu'elle a informé les autorités européennes, les Etats membres de l'UE et ses homologues nord-américains du signal concernant les fongicides SDHI. Début 2019, elle a transmis ses conclusions à l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) et à l'Agence européenne des produits chimiques (Echa). Elle a attiré l'attention des agences européennes sur "toute nouvelle donnée lors des processus d'évaluation et de réévaluation en cours, telle la réévaluation du boscalid, la substance active de la famille des SDHI la plus utilisée."

En 2019, l'Anses s'est aussi autosaisie de la question des expositions cumulées aux différents SDHI via l'alimentation. Ces travaux seront terminés au premier semestre 2020.