A l’heure où les préoccupations environnementales n’ont plus de frontières et que leur prise en charge devient indispensable, certaines villes adaptent leur politique au service de l’environnement. Alors qu’au Royaume-Uni, Londres vise la neutralité carbone d’ici 2020, le Japon quant à lui s’apprête à voir émerger la première ville mondiale « zéro déchet » d’ici 2020.



A Londres, le gouvernement doit présenter le 12 juin 2019 au Parlement un décret afin d’amender la législation de 2008 relative au changement climatique. Theresa May a constaté que le Royaume-Uni est le premier pays du G7 à « légiférer pour accomplir des objectifs climatiques à long terme ». Effectivement, l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la ville a été revu à la hausse afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Ce principe suppose que le pays n’émette pas plus de gaz à effet de serre que le pays ne peut en absorber. A l’origine, Londres visait la réduction de 80% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 par rapport à 1990.

Le gouvernement britannique a précisé qu’il procédera à une évaluation d’ici 5 ans afin de veiller à l’absence de concurrence déloyale envers les industries et a indiqué qu’il n’excluait pas de recourir aux crédits internationaux de carbone qui permettent aux pays industrialisés de respecter seulement une partie de leurs engagements en investissant dans des projets de réductions dans des pays en voie de développement. Le ministre des finances Philip Hammond a effectivement estimé le coût total de la neutralité carbone à 1000 milliards de livres et a alerté sur une éventuelle réduction de l’« argent disponible pour d’autres domaines de dépenses publiques ». Néanmoins, le secrétaire d’Etat à la Recherche et l’Innovation Chris Skidmore précise que ce chiffre n’inclut pas les bénéfices des technologies vertes et les nouveaux emplois générés.

En outre, les représentants du secteur encouragent également à « aller plus loin et plus rapidement dans des domaines tels que la décarbonisation des transports, du chauffage et améliorer l’efficacité de l’énergie des habitations et des entreprises ».

D’autres pays ont également fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone à plus ou moins longue échéance. Le gouvernement français a par exemple présenté un projet de loi en avril prévoyant d’y parvenir d’ici 2050. La Norvège vise 2030 et l’Union Européenne s’est engagée à réduire ses émissions de 40% par rapport à 1990 d’ici 2030 et le Parlement a appelé à relever ces objectifs de 55%.



Outre le climat, les préoccupations environnementales actuelles sont également dues au traitement des déchets.

Au Japon, Kamikatsu s’apprête à devenir la première ville mondiale « zéro déchet » en 2020. La ville des montagnes de Shikoku est la première municipalité à avoir promulgué une politique zéro déchet dès 2003. Pour y arriver, la ville travaille activement sur la réduction de la production des déchets à la source. Aujourd’hui, elle est un exemple de modèle de développement de l’économie circulaire à petite échelle certes, mais non moins démonstratrice du comment bien agir, auprès d’autres municipalités et pas seulement. Elle attire aujourd’hui la curiosité et l’intérêt de plus de 2000 visiteurs chaque année, entreprises et citoyens soucieux d’améliorer leurs pratiques.

Antérieurement à l’arrivée des matières plastiques, les habitants avaient pour coutume de brûler les ordures dans les jardins ou de les jeter dans les montagnes. L’évolution de l’économie japonaise et la généralisation de l’utilisation de produits jetables emballés ont bouleversé leurs usages. Dès lors, face aux nouveaux enjeux de la gestion des déchets, la municipalité a fait appel aux services d’une société de conseil et a sollicité l’expertise de professeurs d’université. Cela a permis au gouvernement local de se doter dès 1994 d’un plan pour un projet de ville de recyclage (Recycling Town Project) et de mener une étude sur la composition des déchets générés. En 1995, Kamikatsu a lancé un programme d’assistance financière afin de permettre aux résidents l’achat de composteurs électriques. Deux ans plus tard, une loi nationale sur le recyclage des emballages a encouragé la ville à collecter les différents types de déchets couverts par la législation.

La ville crée en 2003 la « Zero Waste Declaration » à travers laquelle elle se fixe pour objectif d’éliminer l’intégralité de ses déchets d’ici 2020, sans avoir recours à l’incinération ou à l’enfouissement. Les autorités locales souhaitent à la fois préserver l’environnement naturel pour les générations futures, vivre dans une logique d’économie circulaire et élever la conscience écologique des individus. Le recyclage a également eu pour effet de diminuer les coûts de la commune puisqu’il coûte trois fois moins cher par rapport à la méthode de l’incinération anciennement pratiquée.

Les mesures mises en place par la ville lui ont permis d’atteindre un taux de recyclage de 77%, soit 4 fois plus que la moyenne nationale du Japon qui est de 20%. L’un des axes principaux de travail fût le tri à la source. Désormais, les habitants de la ville de Kamikatsu doivent séparer leurs déchets en 34 catégories différentes. Une fois les déchets rigoureusement triés et lavés, les habitants doivent les porter au centre de recyclage puisque aucune collecte n’est organisée. Celui-ci met alors à leur disposition des bacs pour chaque catégorie de déchets.

Toutefois, selon la présidente de la Zero Waste Academy (organisation locale à but non lucratif), Akira Sakano, il est difficile d’atteindre l’objectif fixé de 100% d’élimination des déchets sans incinération ou enfouissement dès 2020. Parmi le pourcentage de déchets restants, il y a certains produits et matériaux difficiles à recycler. A l’avenir, il semble indispensable que les concepteurs et producteurs adaptent leurs produits afin qu’ils puissent répondre à la logique d’économie circulaire.