La septième assemblée plénière de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), s’est ouverte le lundi 29 avril 2019 à Paris. Elle publiera un rapport inédit sur l’état alarmant de la biodiversité dans le monde qui résulte notamment de la disparition rapide d’un grand nombre d’espèces. En cause, la responsabilité du modèle de développement actuel et l’investissement de tous les Etats, qui sont appelés à agir. En premier lieu, la France dispose d’une responsabilité fondamentale dans la sauvegarde de la biodiversité mondiale en raison du fait qu’elle possède le second domaine maritime mondial, qu’elle abrite des écosystèmes très variés (littoraux, montagnes, forêts tropicales en Guyane et récifs coralliens en Outre-mer) et qu’elle se classe au 5ème rang mondial des Etats hébergeant des espèces menacées d’extinction dans le monde.

« Il existe aujourd’hui un consensus scientifique sur le fait que nous vivons une crise générale de la biodiversité et un effondrement universel, rapide et qui s’accélère ». Tels sont les propos de Yann Laurans, directeur du Programme biodiversité de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Ce consensus alarmiste résulte d’un rapport sur l’état de la biodiversité rédigé par près de 500 chercheurs pendant trois ans qui doit paraître le lundi 6 mai 2019. En premier lieu de ce rapport, l’urgence relative à la disparition des espèces. Effectivement, le rapport estime qu’entre 500 000 et 1 million d’espèces pourraient disparaître dans les prochaines décennies.

Le constat actuel sur la biodiversité mondiale est alarmant et pourrait empirer si aucune mesure à grande échelle n’est prise. Près de 60% des populations de vertébrés ont disparu depuis une quarantaine d’années. Le WWF avait rappelé l’urgence en la matière en 2018 en indiquant que les poissons, mammifères, reptiles et amphibiens n’avaient jamais décliné à un rythme aussi rapide. Aujourd’hui, une catastrophe écologique est à déplorer en Antarctique puisque la 2ème plus grande colonie de manchots empereurs au monde (la colonie de Halley Bay) a pratiquement disparu. Le changement climatique serait à l’origine de tempêtes et de l’éclatement de la banquise ayant conduit à la mort de presque tous les poussins de cette colonie, selon les scientifiques de British Antarctic (BAS) ayant étudiés des images satellites. Mais ce n’est pas tout puisque les insectes sont également touchés par les atteintes à la diversité biologique. Une étude publiée début 2019 indiquait qu’ils pourraient disparaître d’ici un siècle. La biodiversité est atteinte dans sa globalité (écosystèmes, espèces animales et végétales) au point de parler d’une possible « sixième extinction de masse ».

D’autre part, la destruction de la diversité biologique doit devenir une priorité pour l’ensemble des Etats en raison du fait que cela menace l’Homme.
La biodiversité est le réceptacle à partir duquel les Hommes tirent leurs ressources. Entre les insectes pollinisateurs, le bois pour se chauffer, les forêts et les océans absorbant le CO2, la nature rend des services inestimables à l’Homme. Dès lors, sa destruction est susceptible de menacer son existence. Robert Watson, le Président du groupe d’experts de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur la biodiversité a indiqué que « la destruction de la nature menace le bien être de l’Homme au moins autant que le changement climatique ». Cette urgence est à l’origine de l’assemblée plénière de l’IPBES qui va réunir des scientifiques et diplomates de 130 pays à Paris afin d’adopter la première évaluation mondiale des écosystèmes depuis une quinzaine d’années.

La plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) crée en 2012 avait déjà fait état de constats alarmants dans des rapports régionaux publiés en 2018. Le rapport sur lequel travaillent les 150 experts depuis trois ans devrait devenir une référence scientifique en matière de biodiversité.

L’un des grands enjeux faisant désormais le plus écho réside dans l’importance que la nature représente pour l’Homme tandis que la priorité était préalablement donnée à la biodiversité d’un point de vue environnemental. Or, un quart des 100 000 espèces aujourd’hui évaluées sont menacées d’extinction sous l’effet des activités humaines (agriculture, pêche, chasse et changement climatique) et une accélération imminente du taux d’extinction des espèces est attendue par les scientifiques selon le projet de rapport. L’Homme est à la fois dépendant de la nature et à l’origine du début de la « sixième extension de masse ». A ce titre, il constitue l’acteur clé de l’urgence biodiversité : il doit préserver la nature en adaptant ses activités d’une part et en prenant des mesures positives pour réparer les atteintes à la biodiversité d'autre part.