Aux États-Unis, le lac Erié situé dans l’Ohio, tout droit sorti d’un film d’horreur, n’est plus ce qu’il était auparavant. Aujourd’hui, d’un aspect verdâtre, il est menacé par les algues bleu-vert.

La population locale a répondu à ce référendum tenu en février 2019 : « Faut-il donner des droits juridiques au lac Erié ? ». Si, seulement, 9% se sont prononcés, la réponse en faveur du « oui » l'a emporté à 61%.
En conséquence, si le lac obtient des droits légaux, les habitants pourront engager des poursuites contre les pollueurs au nom du lac.

On observe que jusqu’en 1970, les droits humains primaient grâce aux grands textes internationaux et à la DDHC (Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen). Mais après 1970, on constate un revirement en faveur des multinationales qui considèrent que le droit commercial est une priorité aux droits humains, et même au droit de l’environnement.

Pourtant les dispositions législatives, décidées par la sphère politique et économique, considèrent que l’environnement doit rester sain et exploitable. Ce qui nous ramène au principe de précaution et de son non-respect au profit de l’innovation et de la croissance économique.
La critique de certains juristes en matière du droit de l’environnement repose sur le fait que ce droit n’est utilisé que pour réparer ou compenser mais ne protège pas. En effet, il n’intervient qu’après les dégâts faits à l’environnement.

Cependant, cette tendance de reconnaitre une personnalité juridique à des éléments de la nature tend à se populariser, notamment en Amérique latine, en Nouvelle-Zélande et en Asie. Cela passe d’abord par la reconnaissance d’un droit à l’existence de façon intangible puis finalement à la reconnaissance d’une personnalité juridique. Ce qui signifie que Lac Erié, par exemple, pourra défendre ses intérêts propres grâce à la justice.

L’intérêt est novateur, car à présent, les actions pourront être préventives contre les menaces à leur intégrité, sans pour autant, avoir subi, au préalable, des dommages.
Attention quand même à ne pas confondre les droits humains et animaux et ce « droit de la nature ». Il ne s’agit pas non plus d’accorder un régime discrétionnaire de droits et devoirs à la nature. Cette leçon on la tient de la Haute cour de l’Uttarakhand en Inde qui après avoir attribué au Gange une personnalité juridique, a nommé certaines personnes en tant que « parents du Gange ». Ces derniers ont saisi les tribunaux de peur d’être déclarés responsable en cas de noyade. Cela sous-entendait que le fleuve avait le devoir de ne pas porter préjudice aux uns et aux autres.

Ce qu’il faudrait plutôt défendre, selon les spécialistes, c’est le droit à un respect intégral de l’existence et des cycles vitaux qui forment l’écosystème. Pour ce faire, l’idée est d’inscrire ce droit dans la Constitution.

Au niveau économique, le véritable frein est personnalisé par les toutes puissantes multinationales. Depuis quelques années maintenant, l’ONU tente de pallier à ce problème avec un traité contraignant qui n’a pas encore vu le jour mais qui est toujours en négociation. Le but étant de leur faire respecter les droits humains et les droits de l’environnement.

Pour l’instant, ce droit de la nature est tout de même prometteur car on observe d’ores et déjà les premiers effets. En Équateur, un procès, opposant une mangrove et un projet d’exploitation d’élevage intensif de crevette, a donné raison à la mangrove, bloquant ainsi la mise en œuvre du projet.