Voilà un grand pas réalisé au niveau européen en matière environnementale. Le Parlement européen a approuvé mercredi 27 mars 2019 avec une large majorité (560 voix pour, 35 contre et 28 abstentions) le projet de directive validé par les Etats membres de l’Union Européenne en janvier dernier relatif à l’interdiction de certains produits en matière plastique à usage unique. Elle entrera en vigueur au printemps 2021.


L’engagement de l’Union européenne dans la lutte contre la pollution plastique prend tout son sens après l’adoption d’une directive interdisant une série de produits en matière plastique : couverts et assiettes à usage unique, pailles, cotons-tiges, touillettes à café, tiges de ballons, récipients pour les aliments et gobelets en polystyrène expansé. L’adoption et l’entrée en vigueur d’un texte au niveau européen en la matière apparaissaient urgent. En effet, selon la Commission européenne, les produits concernés par cette interdiction représentent près de 70% des déchets marins et alimentent le terrible "huitième continent".

Les produits en matière plastique représentent un véritable fléau, notamment en raison du fait que nombre d’entre eux terminent dans les eaux, mers et océans, du globe. Outre la pollution marine engendrée, la faune est gravement atteinte. Une fois dans l’eau, les plastiques vont se dissoudre en de multiples particules qui deviennent difficilement récupérables mais également difficilement identifiables par les mammifères marins qui vont les ingérer involontairement. Ainsi, de nombreuses espèces marines sont touchées : tortues, phoques, baleines, oiseaux, poissons ou encore coquillages. Dernièrement une baleine a été retrouvée morte échouée aux Philippines avec pas moins de 40 kg de plastique dans l’estomac. Ces divers déchets l’empêchaient de s’alimenter. Lors de sa proposition en mai 2018, la Commission européenne avait insisté sur le risque de voir plus de plastiques que de poissons dans les océans d’ici 2050 si rien n’était fait pour lutter contre la pollution.

La directive qui entrera en vigueur en 2021 a pour objectifs la réduction de la consommation d’emballages en matière plastique au niveau national et accroître l’exigence sur leur conception et leur étiquetage. Elle fixe un objectif de collecte de 90% des bouteilles en plastique d’ici 2029. Par ailleurs, les bouteilles commercialisées dans l’Union devront contenir au moins 25% de plastique recyclé en 2025 et au moins 30% en 2030. La France avait préalablement prévu la fin des gobelets, tasses et assiettes non compostables et des cotons-tiges d’ici 2020.

D’autre part, la future directive instaurera une responsabilité élargie des producteurs pour deux catégories de produits : les filtres à cigarettes et les engins de pêche. Ces premiers devront faire l’objet d’un étiquetage obligatoire de la même façon que les gobelets en plastique, les lingettes humides ou encore les serviettes hygiéniques. Le texte renforce le principe du pollueur-payeur pour l’industrie du tabac qui devra couvrir à partir de 2023 les coûts de collecte et de recyclage des filtres à cigarettes. Ces déchets représentent le deuxième produit en plastique à usage unique le plus jeté dans l’Union Européenne. S’agissant des engins de pêche, l’objectif de la responsabilité de leur producteur est de faire supporter les coûts de collecte des filets perdus en mer par les fabricants, causes d’immenses dégâts maritimes. Un rapport sur la faisabilité technique et financière d’une filière nationale du 26 mars 2019 indique que les principaux déchets d’engins de pêche s’élèveraient à près de 800 tonnes de filets et 400 tonnes de chaluts usagés chaque année.

Outre l’amoindrissement de la pollution issue des déchets en matière plastique, ces mesures prévues par la directive contribuent également à créer des emplois. La question relative au remplacement du plastique dans ces divers outils pousse de nombreuses entreprises à diversifier leurs activités mais également à la création d’entreprises proposant des solutions alternatives. Celles-ci sont diverses : produits crées à partir de matières premières renouvelables, biodégradables, à partir de produits recyclés ou encore des produits comestibles. En la matière, la Finlande est à la pointe de cette bioéconomie. En 2017, Suvi Haimi et Laura Kyllönen ont reçu un prix européen pour Sulapac, un emballage écologique constitué de bois et d'adhésifs. Rudy De Leeuw, le patron de la Confédération européenne des syndicats, estime à deux millions le nombre d’emplois directement liés à la lutte contre le réchauffement climatique et indique qu’ « il n'y a pas d'emplois sur une planète morte ».