Alors que le projet de loi sur l’économie circulaire doit être présenté en 2019, les producteurs de plastique comptent d’une part sur l’extension et le renforcement du tri des déchets plastiques afin de détourner ces matériaux des décharges ; et d’autre part sur le développement du recyclage chimique. Dernièrement, la fédération professionnelle européenne PlasticsEurope, qui regroupe des fabricants de plastique, s’est prononcée sur la future loi relative à l’économie circulaire.


Les industriels du plastique sont formels : les déchets plastiques constituent une denrée ayant de la valeur lorsqu’ils sont collectés efficacement. En effet, le recyclage des déchets plastiques permet d’obtenir de nouveaux produits et notamment de réaliser des économies. Par exemple, une tonne de plastique recyclée permet d’économiser 830 litres de pétrole. Si les déchets en matière plastique cessaient d’être placés en décharge et que la valorisation était appliquée, une quantité supplémentaire de plus de 5 millions de tonnes de plastique pourrait être recyclée et permettrait ainsi d’éviter 7 tonnes d’émissions de CO2. A cet égard, la fédération européenne PlasticsEurope propose de maintenir la législation en améliorant certains points visant à étendre et renforcer le tri de ces déchets dans un objectif de recyclage.

C’est ainsi que, mercredi 13 mars 2019, les industriels du plastique ont appelé à « donner sa chance à l’extension des consignes de tri » avant de prendre « un virage à 180 degrés » en introduisant un système de consigne pour les bouteilles plastiques.

Eric Quenet, le directeur Ouest Europe de la fédération professionnelle PlasticsEurope, dont l’objectif est de parvenir à zéro plastique en décharge et à une valorisation à 100% des déchets de plastique, a déclaré que la fédération demande d’aller « jusqu’au bout de l’extension des consignes de tri » d’ici 2022 avec la généralisation du tri de tous les emballages en matière plastique, puis de « faire un bilan de cette extension au bout de cinq ans avant de changer le système ».

L’objectif de l’extension des consignes de tri est de permettre aux français de jeter tous les produits en matière plastique dans une poubelle dédiée à ces types de déchets. Dès lors, cela permettrait de collecter séparément une grande quantité de déchets plastiques. Selon Hervé Millet, directeur des affaires techniques et réglementaires, la quantité de plastique actuellement jetée avec les déchets ménagers non triés s’élèverait à 1,3 million de tonnes, dont la moitié sont incinérés et l’autre enfouis.

Lorsqu’il s’agit de renforcer le tri des déchets plastiques, la fédération même va plus loin que l’extension des consignes de tri en se prononçant en faveur d’une interdiction de la mise en décharge des déchets plastiques en 2025. La seule interdiction qui existe aujourd’hui s’applique aux déchets collectés séparément.

Dans le même temps, la fédération réaffirme la nécessité d’une mise en place effective du décret cinq flux imposant des objectifs de tri pour les déchets industriels et commerciaux. Effectivement, la loi de transition énergétique de 2015, entrée en vigueur en 2016, avait instauré l’application de pénalités en cas de non-respect de l’obligation de tri des matériaux produits par les entreprises à hauteur de 1100 litres/semaine. En la matière, le Code de l’environnement fait grimper la sanction jusqu’à 150 000 euros (article L 541-46) mais l’absence de contrôle et de sanction ne permet pas de vérifier la bonne application du texte et d’empêcher la prolifération de ces déchets nuisibles pour l’environnement.

D’autre part, les producteurs de plastique proposent le développement du recyclage chimique, et plus particulièrement d’un procédé chimique de recyclage du polystyrène, qui reste aujourd’hui encore l’une des matières plastiques les plus difficiles à recycler. A ce titre, des industriels européens ont développé une plateforme collaborative « Styrenics Circular Solutions » afin d’étudier les procédés de recyclage chimique en vue de produire des emballages alimentaires. Le choix d’un procédé technologique à utiliser devrait être réalisé en 2019 et un pilote de démonstration devrait être installé sur un site l’année suivante. Selon PlasticsEurope, « le recyclage chimique représente une opportunité » qu’il serait opportun de développer en complément du recyclage mécanique.

Néanmoins, cette solution n’est pas sans conséquence puis qu’elle nécessite d’importants investissements, des traitements des déchets en amont et les délais de réalisation sont conséquents. Le directeur Ouest Europe de la fédération a estimé qu’il faudrait entre 5 et 10 ans avant d’en arriver au stade industriel.

L’objectif de l’Europe est d’atteindre un taux de 60% d’emballages plastiques réutilisés ou recyclés en 2030 bien que la moyenne soit de 40% actuellement. En France, l’objectif de 100% en 2025 est jugé « trop ambitieux » par les industriels.