Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle, issu de la désintégration de l’uranium et du radium présents dans la croûte terrestre. La concentration en radon varie d’un lieu à un autre dans une région selon la teneur en uranium naturel du sous-sol. Certains types de roches, telles que le granit, en contiennent davantage. Une fois produit par les roches, le radon peut être transféré dans l’atmosphère par le biais de la porosité des roches et du sol. Il peut également être dissous dans l’eau souterraine et circuler avec elle.


Produit à la surface de la terre à partir de l’uranium contenu dans les sols, l’émission vers l’atmosphère dépend de deux facteurs :

- Les conditions météorologiques sont une cause de la variation de la concentration en radon dans le temps en un lieu donné. Suivant la composition du sol, elles vont modifier l’émission du radon dans l’atmosphère à partir du sol.
- Les propriétés des sols et des roches : la nature des roches est l’un des principaux paramètres influençant l’émission du radon dans l’atmosphère.

Le radon est un gaz radioactif naturel inodore, incolore et inerte, présent partout dans les sols mais plus fortement dans les sous-sols granitiques et volcaniques (Bretagne, Vosges, Centre de la France, Corse, Rhône-Alpes). Ce gaz s’accumule dans les espaces clos, notamment dans les bâtiments.

Malgré la période radioactive relativement courte du radon (effectivement, la radioactivité d’une quantité donnée de radon 222 diminue de moitié en 3,82 jours), une partie parvient à quitter les roches dans lesquelles il est formé pour atteindre l’air respiré par les Hommes.

Dans l’air extérieur, ce gaz a vocation à se diluer rapidement et sa concentration moyenne reste généralement faible (régulièrement inférieure à une dizaine de Bq/m3).

Dans les lieux confinés (grottes, mines souterraines, bâtiments, habitations), le radon peut s’accumuler et atteindre des concentrations élevées atteignant parfois plusieurs milliers de Bq/m3. Produit dans l’écorce terrestre et descendant de l’uranium, le radon a principalement tendance à s’accumuler dans des lieux fermés qui, sous l’effet de la chaleur, voient leur pression baisser et fonctionnent alors comme de véritables accumulateurs.

L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire est à l’origine de la cartographie du potentiel du radon qui classe les communes en trois catégories :

a) Catégorie 1

Les communes à potentiel radon de catégorie 1 sont localisées sur les formations géologiques présentant les teneurs en uranium les plus faibles. Il s’agit notamment des formations calcaires, sableuses, argileuses des grands bassins sédimentaires (parisien, aquitain) et des formations volcaniques basaltiques (massif central, Polynésie française, Antilles etc.).

La grande majorité des bâtiments présents sur ces formations connaissent de faibles concentrations en radon. Les résultats de la campagne nationale de mesure en France métropolitaine indiquent que 20% des bâtiments dépassent 100 Bq/m3 et moins de 2% dépassent 400 Bq/m3.

b) Catégorie 2

Les communes à potentiel radon de catégorie 2 sont localisées sur les formations géologiques présentant des teneurs en uranium faibles sur lesquelles des facteurs géologiques particuliers sont en mesure de faciliter le transfert du radon vers les bâtiments.

Les communes recoupées par des failles ou dont le sous-sol abrite des ouvrages miniers souterrains par exemples sont concernées.

c) Catégorie 3

Les communes à potentiel radon de catégorie 3 sont localisées sur les formations géologiques présentant des teneurs en uranium estimées les plus élevées sur au moins une partie de leur superficie. Il s’agit notamment de celles constitutives de massifs granitiques (armoricain, central, Guyane française etc.) et de certaines formations volcaniques (massif central, Polynésie française, Mayotte etc.).

Sur ces formations fortement concentrées en uranium, les résultats de la campagne nationale de mesure en France métropolitaine indiquent que plus de 40% des bâtiments dépassent 100 Bq/m3 et plus de 6% dépassent 400 Bq/m3.


Les résultats de nombreuses études épidémiologiques menées ces dernières années sont concordants. Ils montrent que ce risque est proportionnel à l’exposition au radon et qu’il est significatif des expositions domestiques continues pendant 30 ans à partir de concentrations de radon supérieures à environ 200 Bq/m3.

Le radon est reconnu cancérogène certain (groupe 1) par le CIRC pour le poumon depuis 1987. En effet, 6 à 15% des nouveaux cas de cancer du poumon seraient attribuables à une exposition au radon, l’interaction entre le radon et le tabac multipliant par trois le risque de cancer du poumon.

Le constat est aujourd’hui alarmant puisque l’exposition au radon serait désormais la deuxième cause de cancer du poumon après le tabac. Une évaluation quantitative de l’impact sanitaire de l’exposition domestique au radon en France (IRSN et Santé publique France, 2018) a permis de conclure que ce gaz radioactif pourrait jouer un rôle dans la survenue de certains décès par cancer du poumon. Selon cette étude, le radon pourrait être à l’origine de 3000 décès.


L’accroissement de la prise en compte des risques liés à l’exposition au radon a conduit au renforcement de la réglementation en la matière au niveau européen, puis en France.

L’Union Européenne est à l’origine de la Directive 2013/59/EURATOM du Conseil du 5 décembre 2013 fixant les normes de base relatives à la protection sanitaire contre les dangers résultant de l’exposition aux rayonnements ionisants et notamment du radon. Cette directive vise à simplifier la réglementation et réintroduire les principes généraux de prévention des risques professionnels dans la radioprotection afin de l’intégrer dans une démarche générale de prévention.

En France, le décret n°2018-437 du 4 juin 2018 et décret n°2018-434 du 4 juin 2018 transposant la Directive européenne, notamment, apportent certaines précisions en la matière et un certain nombre d’inflexions et de changements relatifs à la surveillance du radon.


1/ L'affinement de la carte des zones géographiques du risque radon

La nouvelle réglementation relative au radon modifie la carte des zones géographiques où le radon peut présenter un risque important pour la santé. Le nombre de communes concernées atteint désormais les 7000. Ces territoires doivent faire l’objet de vérifications dans tous les lieux de travail situés en sous-sol et/ou en rez-de-chaussée ainsi que dans plusieurs types d’Etablissements Recevant du Public (ERP).

Jusque-là, 31 départements à risque étaient identifiés. Or dans ces départements, certains secteurs étaient plus concernés par le radon que d’autres.

La nouvelle réglementation change d’échelle, puisque ce risque sera désormais défini à l’échelle de la commune. De ce fait, certaines communes qui étaient concernées ne le seront plus, et inversement.

A charge de l’exploitant de se rapprocher de la mairie de sa commune pour savoir si cette dernière est concernée. L’exploitant peut également connaitre la catégorie de sa commune en consultant la carte interactive éditée par l’IRSN.

2/ L'abaissement du niveau de référence du radon

Le législateur a décidé de renforcer les exigences européennes et nationales en matière de gestion du risque radon.

Pour ce faire, la nouvelle réglementation prévoit un abaissement du niveau de référence de l’activité volumique moyenne annuelle en radon de 400 Bq/m3 à 300 Bq/m3.

Dans l’hypothèse où le résultat des mesures excèderait ce nouveau seuil, des actions de remédiation devraient alors être mises en place pour assainir l’air respiré dans les bâtiments concernés.

3/ L'extension du contrôle des expositions au radon à tous les lieux de travail

La nouvelle réglementation prévoit une extension du contrôle des expositions au radon à tous les lieux de travail (sous-sol, rez-de-chaussée) alors que seuls les milieux souterrains étaient soumis auparavant à une surveillance obligatoire.

En cas d’exposition des travailleurs dépassant 6 mSv/an, l’employeur devra mettre en place une organisation de la radioprotection, un zonage « radon », une surveillance individuelle dosimétrique des travailleurs et un suivi « renforcé » de leur état de santé par un médecin du travail.

D’autre part, certains établissements seront soumis à des obligations particulières.

Dans les zones géographiques de catégorie 3, l’exposition au radon qui risque d’être dommageable pour la santé publique implique un certain nombre de vérifications réglementaires :

 Dépistage du radon dans certains ERP réalisé par un organisme agréé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) :
o Crèches
o Etablissements d’enseignement
o Etablissements sanitaires et sociaux à capacité d’hébergement
o Thermes
o Prisons

 Evaluation des risques d’exposition des travailleurs
o Obligatoire pour tous les lieux de travail situés en sous-sol ou rez-de-chaussée et annexée au DUER (document unique)
o Menée aux choix par un organisme spécialisé ou par l’employeur

 En cas de dépassement du niveau de référence de 300 Bq/m3, il y a une obligation de mener des actions visant à réduire l’exposition des personnes (aération des pièces, étanchéification des sols, réparation ou amélioration du système de ventilation existant, limitation du temps de présence etc.).

4/ Les mesures obligatoires dans les bâtiments professionnels

Jusque-là, la surveillance du risque radon ne concernait les locaux professionnels dans un seul cas de figure : s’ils avaient une activité souterraine. C’était le cas par exemple pour un hôpital disposant d’une blanchisserie en sous-sol. Des mesures devaient alors être effectuées.

Désormais, tous les locaux professionnels devront faire l'objet de mesures au niveau le plus bas occupé de leurs locaux. Effectivement, quelle que soit la zone, l’employeur doit réaliser une évaluation des risques conformément aux dispositions des articles R.4451-13 et suivants du Code du travail. De plus, l’employeur doit procéder à des mesurages sur les lieux de travail lorsque le résultat de l’évaluation met en évidence que l’exposition au radon est susceptible d’atteindre des concentrations supérieures à 300 Bq/m3.

La mesure du radon annexée au document unique (DUER) est le seul moyen d'évaluer l'exposition des travailleurs.