Non seulement le Grenelle de l’environnement fixe un objectif chiffré de réduction de l’emploi des pesticides, ce que la stratégie thématique concernant l’utilisation durable des pesticides n’a pas réussi à faire, mais plus encore, cet objectif est particulièrement ambitieux.

Le plan se voulait une réduction de la moitié de l’usage des pesticides en 10 ans et d’une réduction progressive de la liste des substances autorisés sur le marché. Le bilan de l’utilisation des pesticides en France prouve que l’objectif de réduction de la moitié n’est pas atteint. Pire, cela aurait augmenté selon le bilan actuel. L’évolution du plan écophyto a été présentée le 27 juillet 2018 par le ministre de l’agriculture.

En effet, entre 2009 et 2016, le nombre de doses unités (NODU), nom de l’indicateur qui sert à évaluer l’utilisation des pesticides, augmente de 10,5 % entre 2009 et 2016 . Pire, entre 2014 et 2016, l’augmentation du NODU triennal est de 12,4 %. Les molécules qui semblent augmenter le plus sont les fongicides sur ces dernières années. Le seul point positif à mettre sur le compte de l’entrée en vigueur de la loi Labbé est la diminution significative de l’utilisation des pesticides en usage non agricole puisque ceux-ci baissent de 38 % entre 2015 et 2016 (Générations futures).

N’ayant pas atteint son objectif ce plan initial, un projet de plan Ecophyto 2 a été soumis à la consultation publique en juin 2015. Cette consultation a reçu plus de 4700 contributions de citoyens, agriculteurs, organisations professionnelles agricoles, entreprises de produits phytosanitaires, associations de protection de l’environnement et de défense des consommateurs, collectivités territoriales.

Le plan Ecophyto 2, réaffirme l’objectif de réduction de 50% du recours aux produits phytosanitaires en France en dix ans, en suivant une trajectoire en deux temps. D’abord, à l’horizon 2020, une réduction de 25% est visée, par la généralisation et l’optimisation des techniques actuellement disponibles. Ensuite, une réduction de 25% supplémentaires à l’horizon 2025 qui sera atteinte grâce à des mutations plus profondes. La transition entre ces deux périodes, dans cinq ans, sera l’occasion d’une nouvelle révision du plan.

Le plan Ecophyto 2 s’appuie sur les outils structurants mis en place par le premier plan Ecophyto, pour valoriser et déployer auprès du plus grand nombre les techniques et systèmes économes et performants qui ont fait leurs preuves chez certains pionniers, agriculteurs, collectivités ou particuliers et en particulier les plate-formes ecophyto :
-EcophytoPic
- ecophyto-pro
-jardiner-autrement

Le plan se dessine en 6 axes :

-Faire évoluer les pratiques et les systèmes agricoles.

-Amplifier les efforts de recherche, développement et innovation, notamment la réorientation des efforts de recherche sur le biocontrôle.

-Réduire les risques et les impacts des produits phytopharmaceutiques sur la santé humaine et sur l’environnement ; renforcement du dispositif de suivi des effets non recherchés liés à l’utilisation des produits phytosanitaires et adaptation en conséquence des procédures d’évaluation.

-Supprimer l’utilisation de produits phytopharmaceutiques partout où cela est possible dans les jardins, les espaces végétalisés et les infrastructures (JEVI). L’adoption de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a avancé la date d’interdiction d’utilisation des produits phytopharmaceutiques, pour les collectivités et les particuliers, respectivement en 2017 et 2019.

-Renforcer l’appropriation du plan par les acteurs des territoires et des filières tout en veillant à la cohérence des politiques publiques ; en particulier pour répondre aux attentes spécifiques des zones ultramarines et des cultures spécialisées.

-S’appuyer sur une communication dynamique et des approches participatives, pour instaurer un débat citoyen constructif relatif aux problématiques liées aux produits phytopharmaceutiques.