LA GESTION DE L’EAU : UN CONSTAT INQUIETANT

« C’est quand le puits est sec que
l’on découvre la valeur de l’eau ».
Proverbe universel.




En présentant en 2003, son premier rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau, le directeur général de l’UNESCO, avait estimé que parmi toutes les crises d’origine sociale ou naturelle auxquelles les humains sont confrontés, celle de l’eau est au cœur de notre survie et de la survie de notre planète.

Cet état des lieux, est assez explicite concernant la situation actuelle et a par ailleurs servie de base au forum mondial de l’eau qui s’est tenu à Kyoto en mars 2003.

Le sujet de l’eau est incontournable comme le prouve encore la place qui lui a été réservé lors de la récente exposition universelle de Shanghai qui s’est déroulée du 1er mai au 31 octobre. « Le pavillon du Conseil Mondial de l’eau montre à quel point l’eau affecte nos vie et a quel point l’eau est importante pour éviter les désastres, manger correctement et produire de l’énergie » a précisé Ger Bergkamp, le directeur général du Conseil Mondial de l’eau.

Il existe un risque probable, d’après de nombreux spécialistes, que le problème de manque d’eau potable se répande très vite au point de concerner la moitié de la planète, et cela dans un futur assez proche. De nos jours encore, la première cause de mortalité dans le monde est malheureusement liée à l’eau non potable, avec huit millions de victimes chaque année.
Il faut savoir que seuls les pays peu ou pas développés sont touchés, principalement en Afrique et en Asie du sud-est. Et il ne s'agit pas que de régions en manque d'eau. En République démocratique du Congo, par exemple, de nombreuses personnes sont victimes de l'eau non potable. Tout cela est essentiellement dû à l'insalubrité de l'eau, contaminée par l'activité humaine et animale.

Cette insalubrité favorise la transmission de maladies comme le choléra, l'hépatite ou même la diarrhée, qui tue à elle seule 1,8 million d'enfants chaque année.
Bien que les pays développés soient également victime de pollution de l’eau, du fait d’activités diverses, l’eau non potable ne tue pas pour autant.
Il y a plusieurs raisons à cela. D'abord, dans les pays développés, l'eau est traitée. Il y aurait beaucoup plus de problèmes en France si les gens devaient boire directement l'eau de la Seine! Ensuite, nous avons, ici, les moyens de soigner des maladies comme la diarrhée ou l'hépatite.
Enfin, tous les habitants des pays développés ont, en général, accès à l'eau potable sans difficulté. A moins qu’il n’y ait une grave crise, il est peu probable que nous soyons un jour confrontés à ce fléau en France. D'ailleurs, beaucoup de Français ne sont même pas au courant que l'eau non potable tue autant.

Il est probable qu’il y ait une aggravation de la situation actuelle dans les années à venir. En cas d’inaction, en 2020, la moitié de la planète pourrait manquer d'eau potable, contre un quart actuellement. Les changements climatiques pourraient rendre la situation encore plus difficile. Si l'on ajoute à cela l'explosion démographique, une aggravation est à craindre.

On ne peut malgré tout pas nier que des progrès ont été faits, principalement en Inde et en Chine. Mais ces améliorations sont mal réparties.
Le problème actuel de l’eau, pourrait produire à terme des conflits et devenir un enjeu géopolitique majeur. Aujourd'hui, même si on en parle beaucoup, il n'existe que très peu de véritables guerres de l'eau. Mais il y a d'ores et déjà beaucoup de tensions liées à ces questions.

En Chine, par exemple, le gouvernement a décidé de réunir tous les autres pays traversés par le Mékong (Vietnam, Laos, Cambodge, Thaïlande, Birmanie). Devant la multiplication des barrages construits par le gouvernement de Pékin, qui selon eux assèchent le fleuve, ils craignaient de ne plus voir le Mékong arriver jusqu'à la mer.

Autre exemple, plus frappant: le Soudan, où le manque d'eau est à l'origine de beaucoup de tensions et est même considéré par certains comme un des éléments déclencheurs du conflit qui a ravagé le Darfour.


-L'accès à l'eau potable décrété droit de l'Homme : la démocratie de l’eau

Près de 200 conférences ont étés consacrées à l’eau sans qu’il en sorte des plans d’actions concrets. Sans que le « droit à l’eau » soit déclaré « droit de l’homme », ni surtout, sans qu’un financement pérenne soit décidé.

En effet, seul le Comité des Nations Unies pour les droits économiques, sociaux et culturels a pris l’initiative, en 2002, d’inclure une « observation générale » sur l’eau en tant que de droit de l’être humain. Enfin, un événement, semble nous diriger vers le concept de démocratie de l’eau. L'eau est enfin un droit fondamental.

En effet, l'ONU a voté mercredi 28 juillet 2010 en faveur d'une reconnaissance de l'accès à une eau de qualité comme un droit humain. Une "avancée historique", a salué Chantal Jouanno ce jeudi 29 juillet. Après plus de 15 ans de débats sur la question, 122 pays ont voté une résolution rédigée par la Bolivie et consacrant ce droit. Plus précisément, ce texte déclare "que le droit à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires est un droit de l'homme, indispensable à la pleine jouissance du droit à la vie".

Cela implique que tous les pays qui ont une ambition démocratique doivent maintenant essayer de se donner les moyens pour répondre à cette attente, a déclaré Chantal Jouanno.

"Ce n'est pas le manque d'eau qui tue, c'est l'eau sale. C'est le fait qu'on ait pas organisé l'entretien des puits et l'assainissement autour des communautés locales", a ajouté la secrétaire d'Etat à l'Ecologie.
De nos jours, 884 millions de personnes dans le monde n'ont pas accès à une eau potable de qualité, dénonce la résolution. Plus de 2,6 milliards ne disposeraient pas d'installations sanitaires de base.

Environ deux millions de personnes, pour la plupart des jeunes enfants, meurent chaque année des suites de maladies causées par une eau impropre à la consommation et l'absence de sanitaires.

Le texte presse ainsi les Etats et les organisations internationales à fournir une aide financière et technologique aux pays en développement pour "augmenter les efforts afin de fournir à tous une eau de qualité, propre et abordable ainsi que des installations sanitaires".
Des actions au niveau communautaire tentent d’infléchir le problème actuel de l’eau. En 2007, une première étape de la mise en œuvre de la directive cadre sur l’eau 2000/60/CE a été proposée par la commission dans sa communication du 22 mars 2007 intitulée « vers une gestion durable de l’eau dans l’union européenne.
Dans ce rapport, la Commission présente les résultats obtenus par les États membres dans l’application de la directive-cadre sur l’eau. Elle souligne notamment le risque élevé que plusieurs États membres échouent à réaliser les objectifs de la directive-cadre, en particulier à cause de la dégradation matérielle des écosystèmes aquatiques, notamment par la surexploitation des ressources en eau, et des niveaux importants de pollution provenant de sources diffuses.
La Commission relève des problèmes au niveau du respect du délai de transposition de la directive-cadre et des lacunes quant au contenu de cette transposition. Par ailleurs, la mise en place des districts hydrographiques et la désignation des autorités nationales compétentes semblent bien engagées, même si des progrès en matière de coopération internationale doivent encore être accomplis dans certains cas.
En outre, le rapport signale une grande diversité en ce qui concerne la qualité de l’évaluation environnementale et économique des bassins hydrographiques ainsi que des lacunes importantes, en particulier concernant l’analyse économique. Enfin, la Commission formule un certain nombre de recommandations aux États membres, notamment en vue de remédier aux carences constatées, d’intégrer la gestion durable des eaux dans les autres politiques nationales et de tirer le meilleur parti de la participation des citoyens, et elle annonce les actions qu’elle compte effectuer à l’avenir dans le cadre de la politique européenne de gestion de l’eau.
Les états ont eu des réactions différentes, la France a décidé de donner la priorité à une solution qui aura un impact immédiat en remettant aux normes européennes l’ensemble des stations d’épuration présentes sur le territoire.

Réaction française à la saisine européenne : la remise aux normes des stations d’épuration.
Selon Jean-Louis Borloo, la saisine de la Cour européenne de Justice intervient alors que la France a entrepris, depuis deux ans, un vaste plan de remise aux normes de ses stations d’épuration. « Il était en effet inadmissible que certaines agglomérations restent non conformes à la réglementation européenne », assure le ministre de l’environnement.

Dès sa prise de fonction, Jean-Louis Borloo, précise qu’il a lancé un appel solennel pour gagner la bataille de l’assainissement. La situation de la France en matière d’épuration des eaux usées était alors « alarmante » avec 146 stations qui n’étaient pas conformes aux normes européennes soit 36 millions d’équivalent habitants, soit la moitié de la population française.

La France avait été condamnée le 23 septembre 2004 par la Cour de justice des Communautés européennes au motif notamment « d'avoir omis de soumettre à un traitement plus rigoureux les rejets en zones sensibles d'eaux urbaines résiduaires des agglomérations » de plus de 10.000 équivalents-habitants soumises à l'échéance du 31 décembre 1998, et a été mise en demeure en juillet 2004 par la Commission européenne pour le retard de mise en conformité des stations des agglomérations d'assainissement de plus de 15000 équivalents-habitants soumises à l'échéance du 31 décembre 2000.

Il apparaît ainsi que, malgré les instructions données par la circulaire du 3 mai 2002 relative à la mise en conformité des systèmes d'assainissement des collectivités locales soumises aux échéances des 31 décembre 1998 et 2000, et celles données par la lettre du directeur de l'eau aux préfets en date du 22 septembre 2003, l'évolution de la situation n'est pas assez rapide.

Le plan d’action lancé en 2007 a ensuite, mobilisé l’ensemble des acteurs du service public de l’eau, estime le ministre de l’environnement, autour de la mise aux normes de ces stations d’épuration. Il était assorti de prescriptions très strictes telles que, la mise en demeure de l’ensemble des collectivités non-conformes, obligation de contractualiser avec les agences de l’eau, nécessité de prévoir un calendrier ainsi qu’un plan de financement précis, consignation des fonds nécessaires auprès des collectivités récalcitrantes.

Jean-Louis Borloo précise que le plan d’action de mise aux normes européennes des stations d’épurations des eaux usées avance « aujourd’hui très rapidement », et que la France s’est ainsi engagée auprès de la Commission européenne à mettre aux normes l’ensemble des stations d’épuration des agglomérations non conformes, d’ici la fin 2011, en fonction des délais techniquement réalisables.

Chantal Jouanno a précisé aussi, que parmi les 146 plus grosses agglomérations qui sont citées dans les procédures contentieuses avec la Commission européenne, 93 ont aujourd’hui terminé leurs travaux, 41 les ont démarrés et 12 agglomérations finalisent leurs études. Les derniers travaux commenceront au plus tard en 2010, et seules deux agglomérations ont des dates de conformité qui dépasseront la fin 2011, il s’agit de Saint-Denis de la Réunion et de Cayenne.



Au niveau international, des actions sont entreprises pour trouver des solutions à apporter pour la protection et la gestion de cette ressource vitale et permettre de respecter les objectifs du millénaire pour le développement pour 2015.

La Semaine mondiale de l’eau de Stockholm a rassemblé plus de 2500 experts et personnalités du 5 au 11 septembre. Cet évènement annuel marque une étape importante dans la préparation du 6e Forum mondial de l’eau que la France organisera à Marseille en mars 2012.
Les débats ont porté sur les enjeux de la qualité de l’eau et les solutions à mettre en œuvre pour protéger cette ressource vitale, sur la nécessité d’améliorer les systèmes de suivi de la qualité pour maîtriser les risques de contamination de l’eau de boisson, sur le rôle central de la gestion des eaux usées dans la gestion du développement durable.
La Semaine mondiale de l’eau à Stockholm a permis de préciser les prochaines étapes de la préparation du forum mondial de l’eau à Marseille en 2012 :

-22 septembre à New York, en marge du sommet OMD, participation à la réunion « WASH » (eau, assainissement, hygiène) organisée par l’Unicef, le Pnud, la Corée et le Tadjikistan ;

-18-19 novembre à Paris, deuxième réunion préparatoire du Forum Marseille 2012 ;

- 22-26 novembre à Addis Abeba, 3e Semaine africaine de l’eau


A quelques jours du Sommet sur les « Objectifs du Millénaire pour le Développement » (OMD) à New York, la déclaration finale de la conférence de Stockholm réaffirme que la bonne gestion des ressources en eau ainsi que la fourniture de services d’eau potable et d’assainissement de qualité contribuent directement remplir les OMD et, en premier lieu, à la lutte contre la pauvreté.