Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire, a présenté ce 4 juillet 2018 un plan "Reconquérir la biodiversité, une question de survie pour l’humanité" qui s’inscrit dans la mise en œuvre de l’objectif de réduire à zéro la perte nette de biodiversité prévu par la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages du 8 août 2016 (loi n° 2016-1087).

Ce plan présente quatre-vingt-dix mesures, plus ou moins ambitieuses. Par exemple, l’objectif zéro plastique dans les océans à l’horizon 2025, bien qu’ambitieux paraît difficilement réalisable. Il passera par la mise en place de trois mesures :
- La suppression des produits en plastique à usage unique le plus fréquemment retrouvés sur le littoral et en mer ;
- La mise en place d’une filière de collecte et de valorisation des filets de pêche usagers ;
- Le déploiement sur les territoires insulaires volontaires par priorité d’un dispositif de consigne solidaire permettant de financer des causes environnementales, de santé ou de solidarité.


Au-delà de ce cas particulier, le plan est divisé en six grands axes.


1) Reconquérir la biodiversité dans les territoires

Partant du constat qu’en France, chaque année, plus de 65 000 hectares de terres sont artificialisées ce qui entraine une fragmentation des écosystèmes, le plan biodiversité vise non seulement à ralentir l’artificialisation des espaces naturels mais également à reconquérir des espaces de biodiversité.

Ainsi, ce plan donne pour objectif de développer la nature en ville pour offrir à chaque citoyen un accès à la nature, de déployer des solutions fondées sur la nature pour les territoires résilients et de limiter la consommation d’espaces naturels et forestiers afin d’atteindre l’objectif de « zéro artificialisation nette ».


2) Construire une économie sans pollution et à faible impact sur la biodiversité

Le plan a pour objectif de réconcilier le développement économique et la préservation de la biodiversité tout en limitant les pressions et en renforçant les synergies.

Pour cela, les mesures proposées doivent permettre de répondre aux objectifs suivants :
- Mettre fin aux pollutions plastiques,
- Faire de l’agriculture une alliée de la biodiversité et accélérer la transition agroécologique,
- Réduire les pollutions lumineuses,
- Renforcer la prise en compte des enjeux de biodiversité dans les politiques de santé humaine, animale et végétale,
- Mobiliser les entreprises.


3) Protéger et restaurer la nature dans toutes ses composantes

La France compte environ 18 000 espèces endémiques (présentes nulle part ailleurs dans le monde) en l’état actuel des connaissances. Cependant, les espèces déclinent en même temps que les milieux naturels se réduisent.

Il est donc important de mettre en œuvre des mesures pour créer de nouvelles aires protégées et conforter le réseau écologique dans les territoires et pour protéger les espèces en danger et lutter contre les espèces invasives. Également, des actions sont prévues dans le plan pour la préservation de la biodiversité des sols et pour promouvoir la diversité génétique.


4) Développer une feuille de route européenne et internationale ambitieuse pour la biodiversité

L’environnement et notamment la biodiversité étant l’affaire de tous, il est nécessaire de mobiliser tous les acteurs étatiques pour sa protection. Le plan biodiversité a pour ambition de porter à l’international un nouveau cadre ambitieux pour la biodiversité, d’inscrire la biodiversité comme une priorité de l’agenda européen et de prendre en compte la biodiversité dans l’élaboration et la mise en œuvre des accords commerciaux.

En outre, ce plan fixe comme objectifs de lutter contre le trafic d’espèces sauvages et protéger leurs milieux et d’agir pour la préservation des océans.


5) Connaître, éduquer, former

Pour mobiliser la société civile à la protection de la biodiversité, des actions de sensibilisation et de prévention doivent être réalisées. Le but en effet de ce plan biodiversité est de "susciter l’envie d’agir" auprès du citoyen comme de l’ensemble des acteurs. Pour y parvenir, il prévoit de développer la recherche et la connaissance sur la biodiversité, d’investir dans l’éducation et la formation et de mobiliser l’ensemble des acteurs à agir.


6) Améliorer l’efficacité des politiques de biodiversité.

Même s’il est difficile d’évaluer l’efficacité des politiques publiques, le plan appelle à une mise en œuvre plus efficiente des politiques de biodiversité et donc du droit de l’environnement. Cet objectif passe entre autres par la réalisation d’une mesure phare, la modification de la Constitution pour y inscrire la préservation de l’environnement et de la diversité biologique comme principes fondateurs de la République française au sein de l’article premier.


Si certaines mesures ne font que rappeler la législation en vigueur, alors que d’autres, plus ambitieuses n’ont pas force contraignante, la portée de ce plan parait quelque peu limitée. La COP15 de la convention des Nations Unies sur la diversité biologique qui aura lieu en Chine en 2020 sera l’occasion de faire un bilan de ce qui aura été mis en place en France.