Avec 60 millions de tonnes de plastique produites par an, l'Europe est le deuxième plus grand producteur mondial de plastique après la Chine et rejette en mer chaque année près de 500 000 tonnes de macroplastiques et près de 130 000 tonnes de microplastiques.

Des 27 millions de tonnes de déchets plastiques produits chaque année en Europe, seulement un tiers est recyclé, et la moitié des déchets plastiques en Italie, en France et en Espagne finit en décharge. De son côté, la France n'est pas en reste : elle recycle aujourd'hui seulement 22% des plastiques.

Environ 130 millions de personnes vivent le long des côtes méditerranéennes, une région qui est également la première destination touristique au monde, avec plus de 230 millions de visiteurs internationaux par an, ce qui augmente le niveau de pollution marine de 40% chaque été.

La problématique s'aggrave donc pendant l'été. Avec 200 millions de touristes en plus en Europe, le nombre de déchets retrouvés en mer augmente de 40%. Les débris viennent de Turquie, d'Espagne, d'Italie, d'Égypte, mais aussi de France. Ce sont des objets jetés sur les plages, en ville, mais aussi les fibres synthétiques qui passent dans les stations d'épuration et qui se déversent dans la mer.

L'activité touristique n'est pas la seule source de pollution. "La crue est dévastatrice parce qu'elle ramasse tout ce qui est dans les champs, dans les caniveaux et ça les envoie dans les fleuves et dans la mer", relève Isabelle Autissier.

La pollution de la mer entraîne une contamination de tous les organismes marins, et par conséquent de toute la chaîne alimentaire, jusqu'au poisson que l'on mange.

Quelle est donc la solution pour endiguer ce flot de plastique ?

Faut-il se fier aux "idées de génie" qui pullulent sur les réseaux sociaux et qui nous promettent de "nettoyer" les océans si l'on voulait bien les considérer ? Que non !

La solution n'est pas en aval mais en amont : il faut tout simplement endiguer le flot de plastique qui vient de la terre et qui se déverse en mer. Outre les comportements individuels de civisme et de sobriété, le WWF appelle les gouvernements, les entreprises et les citoyens à adopter une série d'actions visant à réduire la pollution plastique, parmi lesquelles :

• La signature d'un accord international juridiquement contraignant pour mettre fin au déversement du plastique dans les océans, soutenu par des objectifs nationaux ambitieux afin d'atteindre 100% de plastique recyclable et réutilisable d'ici 2030 et la collecte de 100% des déchets ;

• Des interdictions nationales pour tous les plastiques à usages uniques et les ajouts de micro-plastique dans les produits d'ici 2025 ;

• Un appel aux entreprises pour qu'elles investissent dans l'innovation et l'éco-conception, pour une utilisation plus durable et efficace du plastique.

Le 28 mai 2018, la Commission européenne a présenté une proposition de directive visant à réduire la quantité de déchets dans nos océans. La proposition pointe notamment les produits en plastique à usage unique et les engins de pêche perdus ou abandonnés.

Un premier pas mais qui reste très insuffisant au regard de l'inertie politique (les directives, quand elles sont enfin adoptées, mettent des années à être déclinées au niveau des pays membres de l'UE) et de leur portée géographique limitée seulement à une partie de l'Europe alors que la mer Méditerranée est bordée par de nombreux pays africains et asiatiques.