
Un plan d’action d’urgence de 71 millions d’euros pour résoudre « la crise de l’eau potable » en Guadeloupe.
Par Gabin Cante
Posté le: 28/01/2018 22:19
« Eau, tu n'a ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte sans te connaître. Tu n'es pas nécessaire à la vie : tu es la vie. Tu nous pénètres d'un plaisir qui ne s'explique point par les sens. Avec toi rentrent en nous tous les pouvoirs auxquels nous avions renoncés. Par ta grâce s'ouvrent en nous toutes les sources taries de notre cœur. Tu es la plus grande richesse qui soit au monde, et tu es aussi la plus délicate, toi si pure au ventre de la terre. » Antoine de Saint-Exupéry (Terre des Hommes).
Ce passage est un extrait de Terre des hommes de Saint-Exupéry indiquant l’importance de la ressource en eau pour notre monde et notamment pour l’existence humaine sur cette planète. De nombreuses préoccupations majeures actuelles tendent à se focaliser autour de cette ressource en eau et de son utilisation. Les actions visant à en limiter son gaspillage émergent progressivement, en témoigne l’exemple guadeloupéen.
Depuis 2013, la Guadeloupe, département d’outre-mer français subit de nombreuses coupures d’eau potable au robinet, privant ainsi une partie des habitants de l’île de la ressource fondamentale à l’existence humaine : l’eau. Cette entrave à l’accès à l’eau s’articule autour de la vétusté des canalisations existantes. Ce gaspillage incessant de cette ressource primordiale à notre existence ainsi que la mise en danger d’une part de la population privée d’eau doivent cesser. Plusieurs études menées par des spécialistes et des scientifiques tendent à démontrer que 400.000 guadeloupéens étaient soumis à un régime de « tours d’eau », régime visant à planifier, encadrer et limiter la consommation d’eau du robinet par la population locale. En 2008, on estime que le taux de fuite a dépassé les 50% signifiant que plus de la moitié de l’eau potable à destination des robinets des habitants, est sortie du système de canalisation.
En novembre dernier, le secrétaire d’état Sébastien Lecornu, a indiqué aux élus locaux guadeloupéens que c’était à eux qu'incombait "la responsabilité de trouver les solutions concrètes", affirmant que Paris ne pourrait pas donner de solution sans "une gouvernance partagée de l’eau en Guadeloupe".
Afin de résoudre les problèmes résultant de cette crise de distribution de l’eau, les collectivités territoriales viennent d’adopter un plan d’investissement d’urgence de 71 millions d’euros afin de réparer au mieux les canalisations défectueuses. Cette consécration dudit plan par les collectivités territoriales converge avec le plan de la collectivité pour solutionner ces problèmes en matière de distribution d’eau.
La Région s’est de son côté engagée à réaliser des travaux d’urgence, d’une valeur de 30 millions d’euros établis sur deux ans. Le principal réseau de canalisation concerné est celui de Capesterre-Belle-Eau où il convient de renforcer l’alimentation du réseau principal. Les travaux envisagés sont les suivants : le renouvellement d’un tronçon de 7 km de réseau, la sécurisation du réseau de distribution (réservoirs, stations de surpression...), le renouvellement de 4 km du feeder de Vernou et sa connexion à celui de Belle-Eau Cadeau.
L’investissement d’un important montant financier tel que 71 millions d’euros n’est pas nouveau pour l’ile Guadeloupéenne comme en témoigne le "Plan Eau Dom" datant de 2016 selon lequel, les acteurs locaux s'étaient sous l'égide du préfet de Guadeloupe, mis d’accord sur un plan d'action en matière d’eau. En effet, des tentatives de restauration et de restructuration des réseaux de distribution d’eau potable ont déjà été menées dans le passé comme le souligne Josette Borel-Lincertin, présidente du conseil départemental de la Guadeloupe depuis 2015 : « Si le plan d’urgence conclu hier ne dépasse pas les 100 millions d’euros, c’est parce qu’en trois ans, nous avons conduit des travaux pour plus de 40 millions d’euros et que nous avons encore trois opérations en cours qui s’achèveront fin 2018".
Le gaspillage de l’eau potable depuis plusieurs années symbolise un problème majeur de notre temps. L’exemple de la crise de l’eau potable guadeloupéenne fait partie intégrante d’une multitude de problématiques liées à la ressource en eau et à sa distribution. Il semble impératif pour l’Homme de réagir et d’éviter les gaspillages des ressources en eau en veillant à une utilisation rationnelle de cette dernière.