En ce début d’année, mardi 9 janvier 2018, s’est tenu le Comité interministériel sur la sécurité à l’issue duquel le Premier ministre, Édouard Philippe, a annoncé une toute nouvelle mesure qui entrera en vigueur l’été prochain, à savoir le 1er juillet 2018. Cette mesure consiste à l’abaissement de la limitation de vitesse de 90 km/h à 80 km/h sur les routes secondaires à doubles sens, sans séparateur central. Très précisément, elle concerne près de 400 000 routes sur le territoire français.

Daniel Quero, le président de l’association « 40 millions d’automobilistes », s’est exprimé et selon lui « les trois quarts des Français n’en veulent pas parce qu’ils ne la comprennent pas ». Selon un sondage Harris Interactive, cela représente une opposition d’environ 6 Français sur 10 à cette mesure.

Il semble que l’enjeu de sécurité de cette mesure prise par le Gouvernement n’est pas bien accueilli par la majorité des Français, alors même que pour le Premier ministre, comme pour plusieurs associations de sécurité routières, cette mesure « va sauver des vies ».

Abaisser la vitesse de 90 km/h à 80 km/h sur viserait à réduire la mortalité sur les routes dans la mesure où, de nos jours, la vitesse serait la première cause des accidents mortels en France. Pour prendre une telle mesure, le Gouvernement semble s’être appuyé sur un rapport établi par le Comité national de la sécurité routière le 29 novembre 2013. Dans ce rapport, le Comité avait précisé qu’une réduction de la vitesse maximale autorisée sur les routes à double sens sans séparateur central permettrait de sauver entre 300 et 400 vies environ par an.

Toutefois, il faut savoir que le Gouvernement n’a pas annoncé une telle mesure que dans l’optique d’assurer une meilleure sécurité sur les routes. En effet, bien que la sécurité soit quand même l’enjeu majeur de cette mesure, l’abaissement de la vitesse maximale sur les routes à double sens conduirait aussi à une réduction de la pollution atmosphérique et des émissions de gaz à effet de serre.

À ce sujet, l’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Énergie (ADEME) avait déjà évoqué, quelques années un peu avant la prise de cette mesure, que les limitations de vitesse auraient un impact positif sur l’environnement puisqu’elles entraineraient une diminution des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique. D’ailleurs, l’association Air Lorraine, devenue au 1er janvier 2017, ATMO Grand Est, association agrée pour la surveillance de la qualité de l’air pour le Grand Est, avait démontré qu’une baisse de 10km/h sur les routes pour les véhicules diesel mis sur le marché entre 2005 et 2008 représentait une baisse des émissions d’oxyde d’azote (NOx) de 10% dans l’atmosphère. Même si la diminution est moins notable que l’oxyde d’azote, cela entrainait également une diminution des particules fines (PM10).

Ainsi, compte tenu de ces résultats relatifs à la réduction de la pollution atmosphérique et des émissions des gaz à effet de serre par une diminution de 10km/h de la vitesse maximale sur les routes, cette mesure prise par le Gouvernement pourrait quand même, de par cet enjeu, être bien accueillie par les Français.

Néanmoins, il faut savoir que l’argument relatif à la réduction de la pollution atmosphérique et des émissions de gaz à effet de serre par la limitation de vitesse sur les routes n’est pas entièrement vrai. En effet, dans certains cas, et notamment pour certains véhicules, même si le conducteur réduit sa vitesse, sa consommation de carburant, et ses émissions de polluants sont d’autant plus important lorsqu’il est à bas régime (un régime moteur très inférieur du régime de fonctionnement prévu à la conception). Cela est finalement très énergivore du fait de la surconsommation, et remet ainsi en question l’efficacité de cette nouvelle mesure en matière de réduction de la pollution atmosphérique et des émissions de gaz à effet de serre dans une telle situation.